L'armée algérienne a procédé, hier, à Hassi Bahbah, à la destruction de 3 030 mines antipersonnel, en présence du chef de l'Etat, de délégations nationales et étrangères, ainsi que de la presse algérienne. Hier matin, vers les coups de 8h, les journalistes ont visité les lieux de destruction des mines, programmée au polygone central de l'air de la 1re Région militaire, à Hassi Bahbah, dans la wilaya de Djelfa : deux abris contenant chacun douze fours, une fosse d'incinération de 960 piquets en bois, une plate-forme d'écrasement destinée à détruire les matériels en plastic et différentes fosses de 2,5m X 1,5m X 1m, prêtes à faire exploser les 3 030 mines antipersonnel. Lors de la visite, nos accompagnateurs militaires ont beaucoup insisté sur l'opération de destruction, en mettant en exergue le respect, par l'Algérie, de ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale. “L'armée a été chargée de détruire les mines stockées, des mines de dotation dont une partie, les 3 030 mines antipersonnel, a été transférée ici par des convois spéciaux”, a déclaré un lieutenant-colonel, mettant en garde plus loin, que les déchets, une fois “décontaminés”, seront récupérés. Une heure plus tard, les invités ont commencé à arriver. On remarquera notamment, la présence du DG de l'Interpol, les commandants des forces terrestres, aériennes et maritimes, les patrons de la gendarmerie nationale et de la DGSN, les ministres de l'Intérieur, de la Solidarité, de la Communication et de la Santé, des diplomates occidentaux et arabes et le président de l'Assemblée générale de la conférence d'Ottawa, de même que l'ONG Handicap International et les représentants du comité international de la Croix-Rouge. Ce n'est que vers 10h20 que le président Bouteflika est arrivé, habillé d'une canadienne aux couleurs militaires, accompagné de Salah Gaïd, le chef d'état-major de l'ANP. Quelques minutes après, le 1er magistrat du pays donnera le coup d'envoi de l'opération de destruction, en appuyant sur un bouton pour l'explosion du premier four. Boum ! Une explosion a retenti au loin. Dans les minutes qui suivront, de nombreuses détonations tonneront. La destruction des 3 030 mines antipersonnel aura duré en tout et pour tout 45 minutes ! Bouteflika : “Le danger est présent dans 70 pays” Dans son discours de circonstance, le chef de l'état a clairement laissé entendre qu'à travers la cérémonie de destruction de son stock, l'Algérie veut marquer “sa pleine adhésion”, à l'objectif qui consiste à “débarrasser le monde de cette arme pernicieuse”. Selon lui, plus de 100 millions de mines terrestres sont enfouies de par le monde, “notamment dans les pays en développement”. “Ce danger, présent dans plus de 70 pays, est d'autant plus redoutable que, mis en place en période de conflit, il persiste bien longtemps après la fin des hostilités”, a soutenu Bouteflika, en notant que plus de 80% des victimes restent les civils sans défense, dont “un taux considérable d'enfants”. Le président de la République a, en outre, situé trois périodes historiques au cours desquelles notre pays s'est trouvé infecté par les mines antipersonnel : la Seconde guerre mondiale “où l'Algérie a été le théâtre de combats”, la Guerre de Libération nationale “durant laquelle les forces coloniales ont procédé à l'édification de barrages minés dans les régions frontalières à l'Est et à l'Ouest” et la période durant laquelle “l'Algérie a été le théâtre d'un terrorisme d'une violence et d'une barbarie incroyables”. Le chef de l'Etat a, par ailleurs, indiqué que le pays a acquis “une certaine expérience”, en matière de lutte contre les mines antipersonnel et d'assainissement du sol, comme en matière de prise en charge des victimes des mines, sur les plans médical et financier. Il a reconnu que la convention d'Ottawa compte actuellement 142 Etats parties, déplorant la non-adhésion à cette convention par “d'importants pays et non des moindres”. Bouteflika a, enfin, rappelé que la destruction du premier lot de 3 030 mines sur un total de 150 050 vient s'ajouter aux quelque 37 millions de mines déjà détruites par les Etats parties à la convention d'Ottawa, à travers le monde. H. A.