Pour elle, la raison d'Etat a prévalu dans le sort réservé à l'affaire Mecili qui est loin d'avoir dit son dernier mot. La justice française n'est pas, décidément, près de faire la lumière sur l'affaire de l'assassinat de l'avocat et opposant André Ali Mecili, le 7 avril 1987 à Paris. Elle vient de prononcer un non-lieu dans l'affaire. Cette information divulguée le 17 novembre écoulé a suscité beaucoup d'interrogations chez la famille du défunt d'abord, qui a dénoncé le verdict, avant de menacer de saisir la justice européenne si le verdict est toujours maintenu. Maître Antoine Comte, avocat de la famille, a déclaré à El Watan que "si le dossier n'est pas rouvert par la justice française, nous sommes prêts à aller jusqu'à la Cour européenne". La famille du défunt Mecili a rappelé que plusieurs éléments de l'enquête ont été cachés au juge d'instruction, comme l'arrestation et l'expulsion d'Abdelmalek Amellou, le 10 juin 1987, assassin présumé de Mecili. L'affaire a connu de nouveaux rebondissements après l'arrestation, en 2008, en France, du diplomate Mohamed Ziane Hassani, accusé d'être le capitaine Hassani. L'instruction a duré plus de deux ans, avant de voir le diplomate innocenté. Mais depuis, l'affaire n'a connu aucune avancée significative jusqu'à la prononciation de ce non-lieu. Pour le Front des forces socialistes (FFS), un parti que Mecili avait mis sur pied avec Hocine Aït Ahmed et bien d'autres militants en septembre 1963, le verdict de la justice française confirme "l'impunité accordée à l'assassin, puis aux commanditaires présumé(s) de l'assassinat d'Ali Mecili, opposant algérien, militant des droits de l'Homme et cadre du FFS", ajoutant qu'une fois de plus "la raison d'Etat a prévalu sur les devoirs de vérité et de justice". Le FFS souligne, dans un communiqué rendu public, que le verdict a été rendu "alors que la défense a remis un nouveau dossier mettant en avant la nécessité d'interroger plusieurs personnes impliquées ou citées dans l'affaire". Il explique que dans la pratique judiciaire, "un non-lieu n'est rendu que lorsque l'instruction n'aboutit à rien et non pas lorsqu'elle n'a pas lieu ou est empêchée". Le FFS a dénoncé ce qu'il appelle "une entrave à la justice au nom de la raison d'Etat", rappelant qu'il s'agit "d'un assassinat politique et que ce verdict n'est qu'une clôture politique et non judiciaire de l'affaire". Il assure la famille du défunt "de son soutien indéfectible" dans ce combat "qui est et qui demeure" celui du parti, affirmant que le FFS "ne transige jamais sur l'absolue nécessité que justice soit rendue à son camarade, le chahid André Ali Mecili". L'affaire de l'assassinat d'Ali Mecili est synonyme de plusieurs autres crimes commis contre des responsables politiques algériens de l'opposition. Aucun assassin n'est jugé depuis, malgré les plaintes des familles des victimes. La raison d'Etat a prévalu sur toutes les tentatives de faire la lumière sur ces assassinats qui ont marqué, notamment, les premières années de l'Indépendance. M M