"L'Algérie continue à avoir d'importantes marges de manœuvre sur les plans extérieur et budgétaire mais les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s'accentuent", a conclu le Fonds Monétaire International suite à la réunion de son conseil d'administration tenue le 1er décembre dans le cadre de son évaluation annuelle de l'économie de l'Algérie conformément aux dispositions de l'article IV de ses statuts. L'institution de Bretton Woods a salué, dans sa nouvelle évaluation de la situation économique de l'Algérie, le regain d'activité économique du pays mais tout en relevant des vulnérabilités dans un contexte de baisse des prix de pétrole. Toutefois, le Fonds Monétaire International n'a pas manqué de souligner les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique en Algérie où les déficits devraient se creuser à plus de 7 pc. Pour la " première fois en près de 15 ans, le compte des transactions courantes devrait se solder par un déficit ", a souligné le FMI dans son communiqué, précisant qu' "à moyen terme, les déficits en Algérie devraient se creuser car la forte consommation intérieure d'hydrocarbures et la baisse des cours du pétrole sont défavorables aux exportations, tandis que les importations, stimulées par les dépenses publiques, continuent d'augmenter ". De plus, ajoute le FMI, les " exportations ne sont pas suffisamment diversifiées et l'IDE est freiné par les restrictions sur l'actionnariat ". Le " déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 7 pc en raison du recul des recettes d'hydrocarbures, de la nette hausse des dépenses d'investissement et de la poursuite des fortes dépenses courantes ", indique le Fonds monétaire international. Et d'ajouter que les " recettes hors hydrocarbures sont inférieures à leur potentiel, la masse salariale est élevée, et les subventions et transferts sont coûteux, représentant environ 26 pc du PIB et l'épargne budgétaire devrait baisser pour la deuxième année consécutive. Dans le secteur public, le FMI a relevé que les investissements sont " peu efficients ", et dans le secteur privé, la croissance est " entravée par un lourd climat des affaires, un secteur financier insuffisamment développé et une intégration internationale limitée". Pour le FMI, " les rigidités sur le marché du travail et l'inadéquation des qualifications limitent l'impact que peut avoir la croissance économique sur la création d'emplois " dans ce pays. Et de conclure en appelant l'Algérie à la nécessité de " remédier aux lacunes existantes dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ". "L'Algérie jouit certes d'une stabilité macroéconomique, mais elle a besoin d'une croissance plus rapide et plus solidaire pour créer suffisamment d'emplois à l'intention de sa population jeune", préconise-t-il. Sur la base de l'ensemble de ces données, le conseil d'administration du FMI s'est félicité, tout d'abord, "du regain d'activité économique, du nouveau recul de l'inflation et de l'ampleur des marges de manœuvré mais constate, en même temps, des vulnérabilités croissantes dans un contexte de baisse des prix du pétrole: détérioration de la situation budgétaire et du solde des transactions courantes et diminution de l'épargne budgétaire et des réserves de change." En conséquence, il préconise de prendre rapidement des mesures pour préserver la stabilité macroéconomique, en les complétant par des réformes de grande envergure pour diversifier l'économie, améliorer la compétitivité et promouvoir une croissance solidaire et la création d'emplois. Il souligne la nécessité d'un assainissement persistant des finances publiques, ancré sur des règles budgétaires crédibles pour remédier au déficit budgétaire croissant et assurer la viabilité des finances publiques. Dans ce sens, il a salué l'intention des autorités algériennes de passer à un cadre budgétaire à moyen terme et de continuer à renforcer la gestion des finances publiques. Le FMI souligne aussi qu'il est favorable à une augmentation des émissions de bons du Trésor pour contribuer à résorber les liquidités, en réduisant le besoin de recourir au fonds d'épargne pétrolière pour financer le budget, tout en approfondissant en même temps le marché de capitaux.