En 2014, l'Algérie a fait mieux qu'en 2013, mais doit faire face à des difficultés, en conséquence, notamment, de la baisse des prix du pétrole, selon un communiqué du Fonds monétaire international (FMI) présentant les appréciations de son Conseil d'Administration suite aux consultations avec les autorités algériennes. L'Algérie devrait terminer l'exercice en cours avec «4,0% de croissance du PIB réel» contre «2,8% en 2013», constate le Fonds pour qui «le secteur des hydrocarbures devrait progresser pour la première fois en huit ans et dans les autres secteurs, la croissance reste porteuse». Le FMI se réjouit du «net repli» de l'inflation qui s'est située à «2,1% grâce en partie au resserrement de la politique monétaire». Face à la baisse des prix du pétrole, le FMI estime que «l'Algérie continue à avoir d'importantes marges de manœuvre sur les plans extérieur et budgétaire». Mais fait état de «menaces» qui «s'accentuent» sur la stabilité macroéconomique. Premier indicateur, «le compte des transactions courantes (qui) devrait se solder par un déficit», cette année, soit «la première fois en près de 15 ans», constate le communiqué. Les prévisions du FMI tablent sur un déficit budgétaire à «plus de 7%» en raison du «recul des recettes d'hydrocarbures, de la nette hausse des dépenses d'investissement et de la poursuite des fortes dépenses courantes». En plus, d'une masse salariale «élevée» et des subventions «coûteuses», représentant environ 26% du PIB. Ces déficits «devraient se creuser», à moyen terme, en raison de «la forte consommation intérieure d'hydrocarbures et la baisse des cours du pétrole sont défavorables aux exportations, tandis que les importations, stimulées par les dépenses publiques, continuent d'augmenter». Autres éléments participant à ce constat : «les exportations ne sont pas suffisamment diversifiées», et l'investissement direct étranger (IDE) «est freiné par les restrictions sur l'actionnariat» (la règle du 51/49, ndlr). La «stabilité macroéconomique» dont jouit l'Algérie ne doit pas faire oublier que le pays «a besoin d'une croissance plus rapide et plus solidaire pour créer suffisamment d'emplois à l'intention de sa population jeune». Selon le FMI, les investissements dans le secteur public, «sont peu efficients». Et dans le secteur privé, «la croissance est entravée par un lourd climat des affaires, un secteur financier insuffisamment développé et une intégration internationale limitée». Le FMI note aussi «les rigidités sur le marché du travail et l'inadéquation des qualifications limitent l'impact que peut avoir la croissance économique sur la création d'emplois». «PRENDRE RAPIDEMENT DES MESURES» Si les administrateurs du FMI qualifient de «regain d'activité économique», le «recul de l'inflation» et les «marges de manœuvre» dont dispose l'économie algérienne, ils constatent néanmoins des «vulnérabilités croissantes dans un contexte de baisse des prix du pétrole : détérioration de la situation budgétaire et du solde des transactions courantes et diminution de l'épargne budgétaire et des réserves de change». A ce titre, les membres du Conseil d'administration du Fonds «préconisent de prendre rapidement des mesures pour préserver la stabilité macroéconomique». Parmi ces mesures, les «administrateurs» évoquent «la nécessité d'un assainissement persistant des finances publiques» qui doit être «ancré sur des règles budgétaires crédibles pour remédier au déficit budgétaire croissant et assurer la viabilité des finances publiques». Le FMI considère que l'Algérie est en mesure «d'accroître» ses «recettes hors hydrocarbures» par «l'élargissement de l'assiette fiscale» et le «renforcement l'administration des impôts» et la réduction «des exonérations fiscales». L'institution financière internationale recommande aussi de «contenir les dépenses courantes», en particulier «la masse salariale» et «remplacer progressivement les subventions par un dispositif ciblé de transfert monétaire pour protéger les plus vulnérables». «Compte tenu du risque de réapparition de tensions inflationnistes, les administrateurs encouragent les autorités monétaires à rester prudentes et à se tenir prêtes à absorber davantage de liquidités et à augmenter les taux d'intérêt. Ils sont favorables à une augmentation des émissions de bons du trésor pour contribuer à résorber les liquidités, en réduisant le besoin de recourir au fonds d'épargne pétrolière pour financer le budget, tout en approfondissant en même temps le marché de capitaux», ajoute le communiqué du FMI. Les administrateurs du FMI «recommandent (aussi) d'intensifier les efforts d'ouverture aux échanges commerciaux, d'assouplir les restrictions sur l'investissement direct étranger et de créer un climat des affaires plus favorable aux exportations». Ils souhaitent des «réformes structurelles plus vastes» visant à «améliorer les infrastructures, la productivité et l'efficacité de l'investissement public. Ils encouragent aussi les autorités à poursuivre leurs efforts pour assouplir les réglementations du marché du travail, remédier à l'inadéquation des compétences, et promouvoir l'emploi des femmes et des jeunes». Enfin, le communiqué du FMI invite les autorités algériennes à «améliorer l'accès des petites et moyennes entreprises au secteur financier» et à «remédier aux lacunes existantes dans le cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme».