En dépit de ses maigres résultats, la réunion de la commission mixte revêt un caractère hautement politique et stratégique entre les deux pays. L'axe Alger-Tunis se renforce et se confirme comme un choix stratégique entre les deux pays. Les résultats de la treizième réunion de la commission mixte algéro-tunisienne, tenue mardi et mercredi derniers à Tunis, confortent cette thèse en dépit de quelques divergences d'approche dans le traitement de problèmes sensibles, tels que la circulation des personnes, la création de la zone de libre-échange et la coopération dans le domaine de l'industrie. À propos de la question des ressortissants algériens en situation irrégulière, les deux parties ne se sont pas entendues sur les chiffres. Alors que les Tunisiens ont avancé le nombre de 14 000 Algériens, l'assainissement des listes a fait baisser ce chiffre de plus de la moitié, soit 6 000. Sur proposition de l'Algérie, il a été décidé l'annulation de l'échange de lettres de 1985 tout en gardant celui de 1991. Un groupe de travail mixte a été mis en place pour étudier les mécanismes de règlement définitif de ce problème. Lors de sa rencontre avec les représentants de la communauté algérienne établie en Tunisie, le chef du gouvernement a rassuré les Algériens quant à la prise en charge de leurs préoccupations. Il leur a annoncé les mesures prises à l'issue du séminaire des consuls et consuls généraux, qui s'est tenu à Alger la semaine dernière. La suppression de l'autorisation paternelle pour les enfants qui accompagnent leurs mères, la régularisation de la situation des jeunes vis-à-vis du Service national ainsi que d'autres mesures figurent parmi les annonces faites par Ali Benflis à Tunis. Sur le plan de la coopération, plusieurs conventions et programmes exécutifs ont été signés. Il reste que des divergences subsistent sur un certain nombre de dossiers entre les deux pays. Alors que la Tunisie a défendu bec et ongles la création de la zone de libre-échange, l'Algérie a opposé un niet diplomatique pour des raisons économiques qui lui sont propres. L'Algérie poursuit le parachèvement du processus de mise en place des mécanismes permettant la régulation, l'organisation et la maîtrise du marché. Ce que la Tunisie a déjà réalisé. L'avance enregistrée par le pays voisin se présente comme un sérieux handicap pour la création de la zone de libre-échange, dont la création a été reportée. Il reste que ce projet est un objectif stratégique pour les deux pays. Les arguments avancés par les membres de la délégation algérienne sont d'ordre technique et dénués d'arrière-pensée politique, avancent des sources gouvernementales. Les groupes de travail mixtes poursuivront ces réunions dans les mois à venir pour préparer un accord-cadre, qui sera signé probablement durant la prochaine réunion de la haute commission mixte prévue pour décembre 2003. Les experts et les ministres des deux pays plancheront sur l'étude des dossiers sensibles sur lesquels persistent des divergences d'approche. Le secteur de l'industrie sera le principal axe sur lequel seront orientés les efforts des responsables des deux pays. le report de l'examen du dossier, à la demande de l'Algérie, repose sur le fait que notre pays n'a pas encore achevé la mise à niveau de ces entreprises. La Tunisie, membre de l'OMC, et ayant signé l'accord d'association avec l'Union européenne en 1995, possède une longueur d'avance sur l'Algérie dans l'ouverture de son économie. Telles sont les principales raisons qui ont fait que les résultats de la commission mixte, tenue la semaine dernière, sont maigres. La réunion revêt un caractère hautement politique et stratégique dans la construction du grand Maghreb. La visite du ministre des Affaires étrangères marocain à Tunis au moment de la tenue de la commission mixte algéro-tunisienne est un message fort de Rabat, certainement inquiet du renforcement de l'axe Alger-Tunis. La coopération entre Alger et Rabat est actuellement au stade “zéro”. Le maghreb se reconstruit sur un nouveau schéma, celui des relations bilatérales après l'échec de l'entreprise collective. La réunion à Alger des ministres des Affaires étrangères, prévue le 3 janvier, risque d'être comme les précédentes tant les relations demeurent tendues, en raison du problème du Sahara occidental. En attendant la tenue de la commission mixte algéro-mauritanienne, prévue pour janvier 2003, Alger a décidé de jeter les jalons d'une nouvelle opération de redynamisation de l'union du Grand Maghreb. Les intérêts économiques des pays de la région face aux effets dévastateurs de la mondialisation doivent primer sur d'autres considérations subjectives. M. A. O.