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"Nos dirigeants sont incapables de prévoir l'étendue des dangers"
Le Dr Ahmed Benbitour hier au Forum de "Liberté"
Publié dans Liberté le 06 - 01 - 2015

Quand on est au pouvoir en Algérie, votre vérité devient "la Vérité", mais jusqu'à... un certain niveau du prix du pétrole seulement !
Après avoir présenté ses vœux pour la nouvelle année, l'ancien Chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, invité, hier, au Forum de Liberté, a vite fait de mettre les pieds dans le plat en abordant cette question cruciale qui turlupine actuellement l'opinion nationale, en l'occurrence la chute des prix du pétrole. Pour le premier invité de notre Forum pour l'année 2015, cette baisse n'est qu'un indicateur apparent pour "des dirigeants incapables de prévoir l'étendue des dangers qui guettent l'Algérie". En expliquant que la nation algérienne est exposée à des menaces qui peuvent, selon lui, venir de l'intérieur comme de l'extérieur, M. Benbitour s'est montré, comme à son accoutumée, très précis. "De l'extérieur, les dangers proviennent de la nouvelle capacité de contrôler la société par des moyens puissants qu'offre le ‘village global'". M. Benbitour parle ainsi de "glocalisation", soit "la disparition de l'Etat national et son changement par de petits Etats locaux mis en réseau dans le cadre d'un ensemble plus large". Dans le cas qui nous concerne ou plutôt qui nous préoccupe, "l'ensemble plus large" est ce qu'on appelle le fameux "Grand-Moyen-Orient" (GMO). L'ancien Chef de gouvernement se refuse néanmoins d'évoquer "la main de l'étranger" que les tenants du pouvoir agitent, eux, sans cesse, comme un épouvantail désarticulé. Cela dit, la menace n'en reste pas moins réelle. Pour M. Benbitour, il y a effectivement "la crainte de voir émerger des crises multidimensionnelles avec un potentiel de contrôle et de manipulations des masses par des programmes dirigés de l'extérieur grâce au village global". Entretenir des relations amicales avec un pays ne signifie pas que tout est acquis. Tout dépend, en effet, des conjonctures... Pour lui, la menace qui vient aujourd'hui de l'étranger est presque d'ordre naturel. Le problème est qu'elle se conjugue avec "une forte probabilité de transformation des politiques populistes en politiques de pouvoir" et par "le passage de clivages sur des bases idéologiques avec débats vers des clivages sur des bases identitaires ou communautaires avec absence de débats et la voie ouverte vers les extrémismes et la violence"... Il citera, à ce sujet, les exemples peu réjouissants de l'Irak, de la Syrie, de la Libye où la population vit aujourd'hui le chaos "des différentes communautés qui se massacrent et le danger de l'installation du communautarisme dans les institutions". Dans ce tableau plutôt sombre, l'orateur croit, tout de même, déceler quelques opportunités. Une lueur d'espoir comme "cette accélération du progrès technologique" qui offre, selon lui, la perspective d'"une vie meilleure" grâce à notamment la démocratisation positive de "l'accès au savoir". Partant de ce postulat, l'orateur y relève précisément un "paradoxe" du fait que cette vie meilleure grâce au progrès technologique est accompagnée d'un autre côté, c'est-à-dire le nôtre, par "des détériorations dans les mentalités et les comportements humains avec des sociétés qui dérivent vers la violence, le fatalisme et le chaos..." .
Trois scénarios seulement !
Saisissant, par ailleurs, l'opportunité de la présence au Forum de Liberté de Son Excellence Arne Gjermundsen, ambassadeur du royaume de Norvège en Algérie, M. Benbitour rappellera que ce pays producteur d'hydrocarbures est à la première place dans le monde en matière d'indice de développement humain. Un statut qu'il convenait de saluer à brûle-pourpoint tant les différents intervenants ont tous accordé beaucoup d'importance "aux ressources humaines".
Enfin, M. Benbitour justifiera ses longs développements par la nécessité d'avoir aujourd'hui "un nouveau type de dirigeants capables d'inventer, de créer de nouvelles stratégies, de nouvelles politiques, inscrites dans l'accélération du progrès technologique et attentifs aux dangers des manipulations à distance...". Est-ce à dire que nos dirigeants n'ont pas ce profil ? La question ne se pose même pas pour lui, puisque de l'intérieur, les menaces proviennent déjà de l'Etat, de la population et de l'économie. Et d'expliquer qu'une analyse froide de "la situation de l'Etat algérien permet de constater qu'il répond aujourd'hui à tous les critères scientifiques de la définition d'un Etat déliquescent". Il rappellera ainsi que le financement des activités de l'Etat repose essentiellement sur les recettes provenant des exportations des hydrocarbures. Lesquelles recettes constituent une rente qui donne lieu à la prédation dans la redistribution de la rente... Le plus grave pour lui est que "l'Etat déliquescent et l'absence de morale collective" engendrent une forte probabilité de toutes sortes de dérives. En ce qui concerne la population, M. Benbitour note que celle-ci vit depuis près de "deux siècles dans la violence et le combat pour ses libertés". Quant à l'économie, celle-ci fait face, selon lui, à "des défis énormes", même si elle dispose de potentialités importantes et connaît une aisance financière aujourd'hui "en voie rapide d'amenuisement". Très à l'aise avec les chiffres, l'ancien ministre de l'Energie ne s'est pas empêché de s'y appuyer pour soutenir sa thèse. "Les exportations en volume qui ont enregistré une baisse de 25,6% entre 2006 et 2011 ont connu une autre baisse de 10% en 2012 par rapport à 2011 et une autre 10,2% en 2013 par rapport à 2012. Aujourd'hui, la baisse continue en 2014 aussi bien dans les volumes que dans les prix !" Et si ce n'était que cela. L'ancien ministre des Finances enregistre parallèlement une augmentation importante des dépenses budgétaires financées sur la fiscalité pétrolière, le prix de l'équilibre budgétaire du baril ne correspondant plus depuis longtemps aux prix réels à l'exportation. Cette situation a vite amené les dirigeants du pays à puiser, sans réserves, dans le Fonds de régulation pour financer le déficit budgétaire si bien qu'aujourd'hui les 2/3 de nos fonctionnaires sont payés par la fiscalité pétrolière. Avec "cette solution de facilité", les autorités ont réussi, grâce à la manne énergétique, à augmenter en une année seulement 46% du budget de fonctionnement. Du jamais vu ailleurs dans le monde ! Une exagération des dépenses qui ne signifie pas moins, pour M. Benbitour, "une prédation totale". Sans s'attarder sur la cacophonie à laquelle se prêtent actuellement plusieurs ministres, il retient que le budget est en augmentation alors que les recettes vont baisser de moitié. D'après l'invité du Forum de Liberté, il ne s'agit sûrement pas de livrer, à cette occasion, ses états d'âme. "Il ne s'agit d'être ni pessimiste ni optimiste, mais de s'adonner tout simplement à un calcul arithmétique", soutient-il. Et si le prix du baril venait encore à baisser, quelles seraient ses prévisions ? : "La situation touchera certes les prédateurs, mais elle n'épargnera pas le reste de la population qui devra vivre avec des prix non subventionnés, des politiques sociales restrictives à l'école, à l'hôpital, à la retraite... Des pénuries de marchandises sur le marché par la baisse des importations et notre dépendance alimentaire, etc.". Il est vrai qu'un tel scénario a de quoi susciter des frayeurs. Et pas seulement dans le sérail. Y a-t-il une autre alternative ? Jamais à court de solutions, M. Benbitour propose de vite construire "un Etat en phase avec les changements qui s'opèrent en Algérie et dans le monde, promouvoir la population en société civile engagée vers le progrès et la prospérité, développer une économie en phase avec les potentialités de l'Algérie et les aspirations de son peuple...". Bref, un vaste programme qui nécessite, reconnaît-il, "le changement de tout le système de gouvernance et le passage par une période de transition". Faute de quoi, l'ancien Chef de gouvernement ne perçoit alors que trois scénarios de changement. Et seulement trois ! Le premier est que les tenants du pouvoir laissent la place à d'autres, chose "impossible" à ses yeux puisque les prédateurs n'ont, selon lui, aucune conscience. Du moins, il n'y a aucun précédent dans l'Histoire qui viendrait corroborer cela. Le deuxième scénario pourrait coïncider avec un compromis entre l'opposition et le pouvoir. Mais là encore, le rapport de force, favorable actuellement au pouvoir, ne permet pas d'envisager un tel changement négocié. Il reste "le changement par la rue" que tout le monde craint par-dessus-tout et qui reste hélas, à l'heure actuelle, le plus plausible...
M.-C. L.


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