La rue et la direction palestiniennes sont plus que jamais divisées par la succession de Yasser Arafat, à la suite de l'entrée en lice de Marwan Barghouthi dans la course. L'autorité du Fatah est remise en cause. Marwan Barghouthi a refusé l'ordre établi par la haute sphère de ce mouvement. Incarcéré dans les geôles sionistes pour avoir été la tête pensante de l'Intifadha, le chef du Fatah pour la Cisjordanie du temps de Yasser Arafat est partant pour la succession de ce dernier. Il aura choisi l'ultime instant, le jour de la clôture du dépôt de dossier, pour annoncer sa candidature, qui prend de court les autres prétendants. En effet, quelques jours auparavant, il avait fait part de son soutien au candidat officiel du Fatah, Mahmoud Abbas. Ce revirement dans la position de celui que l'on considère comme l'héritier naturel de Yasser Arafat constitue un coup supplémentaire à l'unité des rangs palestiniens. Déjà ébranlée par le boycott auquel ont appelé les deux formations islamistes, Hamas et Djihad islamique, l'unité des palestiniens, à laquelle pourtant semblaient attachées toutes les franges de la résistance, n'est apparemment plus qu'un vain mot. La polémique fait rage dans la rue et parmi les dirigeants palestiniens. Des portraits du nouveau postulant commencent à orner les murs de certaines villes de Cisjordanie et de la bande de Gaza. La division est très perceptible à travers les prises de position pour ou contre la candidature de Marwan Barghouthi. Les premiers signes de la division sont là. De part sa candidature, ce dernier bouleverse les calculs des siens et également ceux des Israéliens. Ces derniers, d'ores et déjà embarrassés, se retrouveraient devant un véritable casse-tête chinois, si jamais il est élu président de l'Autorité palestinienne. Le statut de prisonnier à perpétuité de Barghouthi l'empêcherait alors d'exercer sa nouvelle fonction. Ariel Sharon a été formel : “Barghouthi ne pourra sortir de prison que dans cent ans, à condition qu'il bénéficie de commutation de peines.” “Il pourra opérer à partir de la prison”, a-t-il ajouté. Ceci dit, d'autres sources ont fait circuler l'information sur la prestance du président israélien à accorder sa grâce à cet encombrant prisonnier. Cette hypothèse est perçue par certains milieux comme un hameçon dont l'objectif était d'encourager Marwan Barghouthi à postuler à la présidence de l'Autorité palestinienne, parce que son entrée en lice dans la course aura pour inévitable conséquence de diviser les Palestiniens en cette période difficile survenant après le décès de son leader historique. De toute façon, le nombre important de candidats à la magistrature suprême palestinienne, dix, est une preuve de l'absence de cohésion dans leurs rangs. Mais, la plus grave conséquence de l'acte de Barghouthi est l'implosion qui guette l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en raison de l'immense popularité dont jouit le prisonnier d'Israël parmi le peuple palestinien et ses soutiens dans les rouages du Fatah. Une chose est sûre, la succession de Yasser Arafat constitue un réel test pour la cause palestinienne. Au-delà de la sanction des urnes le 9 janvier 2005, cette période post-électorale fixera les observateurs sur ce qui attend les Palestiniens, à moins que Barghouthi ne change encore une fois d'avis à la suite des nombreux appels pour retirer sa candidature. Le dernier en date est celui du chef de la diplomatie palestinienne Nabil Chaâth. K. A.