Pour faire face à Boko Haram, les pays de l'Afrique centrale, qui sont directement concernés par la menace que représente ce groupe, ont finalement opté pour la solution de partenariat avec les Européens, aux dépens d'une intervention étrangère dont il était question depuis l'année dernière. C'est dans ce sillage, d'ailleurs, que s'inscrit la formation d'une force régionale, destinée à lutter contre Boko Haram, qui serait discutée lors du prochain sommet de l'Union africaine à la fin du mois. Le président ghanéen John Dramani Mahama, dont le pays n'est pas directement menacé par Boko Haram, a, depuis Berlin, estimé que "l'Afrique est capable de fournir des troupes à cette force régionale". Mais, a-t-il ajouté, "il est très important que nos partenaires puissent participer à travers un soutien financier". Cette solution qui se dessine chaque jour davantage au gré des exactions du groupe Boko Haram est soutenue par les instances internationales, notamment les partenaires de l'Afrique qui seront appelés à y contribuer financièrement. Lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ghanéen soulignera dans ce cadre le vœu des Africains de bénéficier de tout soutien logistique ou d'une autre forme que ses partenaires européens apporteront. Le président ghanéen a ajouté qu'il ne lui semblait pas nécessaire "dans l'immédiat" de déployer des troupes européennes contre Boko Haram. Mme Merkel a d'ailleurs salué la proposition de son homologue ghanéen, affirmant qu'elle étudiera avec l'UE les possibilités d'y contribuer dans le cadre du partenariat entre l'Union européenne et l'Union africaine. Aux Nations unies, les 15 membres du Conseil de sécurité encouragent également, dans une déclaration, les pays d'Afrique centrale à accélérer les préparatifs afin de mettre en route de manière "durable, viable et effective" une force multinationale. Ils leur suggèrent d'"identifier les moyens et les modalités du déploiement envisagé, particulièrement dans les domaines du partage des renseignements et des opérations communes". Si cette question envisagée depuis l'année dernière a été retardée en raison des divergences concernant l'ampleur et l'étendue de ses opérations, elle paraît plus que jamais d'actualité. Le déploiement de l'armée tchadienne dans le nord du Cameroun constitue en ce sens l'élément précurseur. Le Tchad a annoncé vouloir "progresser" lundi en direction des insurgés nigérians, dont les attaques au Cameroun ont atteint un point d'orgue avec l'enlèvement de plusieurs dizaines de personnes ce week-end. Le Tchad, menacé directement par Boko Haram, a déployé 400 véhicules militaires à Maltam, à l'ouest de Kousseri, près de la frontière tchadienne. Ce déploiement est salué par le Nigeria, le Cameroun ainsi que par le chef du Bureau régional des Nations unies pour l'Afrique centrale (Unoca), Abdoulaye Bathily, qui a encouragé tous les Etats du bassin du lac Tchad et ceux d'Afrique centrale à renforcer leur coopération "afin d'apporter une réponse régionale et coordonnée à ce fléau". A. R.