Les dirigeants de l'Afrique de l'Ouest demanderont la semaine prochaine à l'Union africaine (UA) l'autorisation de créer une force multinationale pour combattre les islamistes nigérians de Boko Haram, a dit vendredi à Reuters, le président ghanéen John Mahama. Une telle force serait à ce jour, la réponse internationale la plus aboutie à des militants qui ont tué des milliers de personnes l'an dernier au Nigeria et qui ont commencé à lancer des attaques au Niger et au Cameroun. Boko Haram, qui a fait son apparition sur le devant de la scène, il y a cinq ans, est considéré comme la menace la plus grave pesant sur le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique et le principal producteur de pétrole du continent. Mais selon John Mahama, le groupe et ses militants en Somalie, au Kenya, au Mali et ailleurs pose un risque bien plus important. «Le terrorisme est comme un cancer. Si nous ne le traitons pas, il va continuer à se développer. Il menace tout le monde dans la région. Quand il s'agit de terrorisme, personne n'est trop loin ni trop près», a-t-il dit. La mise sur pied d'une force placée sous l'égide de l'Union africaine devrait prendre plusieurs mois, a ajouté le président ghanéen, notant que des questions clefs, tels son commandement, sa localisation et son financement, n'avaient pas encore été tranchées. Une fois l'entité opérationnelle, l'UA devrait demander un mandat auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour la prendre en charge, comme cela s'est fait dans la région du Darfour, au Soudan, a encore dit John Mahama. Force multinationale Ce dernier s'exprimait en tant que président de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), accusée de ne pas en avoir fait assez pour combattre Boko Haram. «Le Nigeria mène des opérations militaires et le Cameroun combat Boko Haram mais je pense que nous en arrivons à un point où il faut probablement envisager la création d'une force régionale ou multinationale», a poursuivi John Mahama. «C'est ce dont nous voulons discuter avec l'Union africaine parce que si cela se produit, il faudra un mandat pour autoriser cette force à opérer.» Le 24e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA se tiendra du 23 au 31 janvier à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Jeudi, le président camerounais Paul Biya a déclaré que le Tchad enverrait un important contingent militaire au Cameroun pour aider son voisin à lutter contre les incursions de plus en plus fréquentes des djihadistes de Boko Haram. La chute, au début du mois, de Baga, ville du nord-est du Nigeria où, selon des responsables locaux, 2 000 personnes auraient été tuées, a conduit certains à appeler à un soutien international pour contenir l'insurrection de Boko Haram, qui s'est étendue à certains secteurs du Niger, de l'extrême nord du Cameroun et du sud du Tchad. Les quatre pays d'Afrique les plus menacés par les islamistes nigerians de Boko Haram doivent mettre de côté leur méfiance réciproque et s'entendre sur une structure de commandement et une stratégie communes pour une force régionale, s'ils veulent venir à bout de cette insurrection, a déclaré mercredi un responsable des Nations unies. Il y a un mois, la France s'est dit prête à contribuer à la coordination d'une force militaire régionale en Afrique de l'Ouest afin de lutter contre les islamistes de Boko Haram.