Le Tchad a déployé son armée pour combattre Boko Haram au Cameroun et au Nigeria, tout en appelant les pays d'Afrique centrale à former une "large coalition" pour lutter contre cette menace de plus en plus dangereuse de ce groupe, auteur de nombreuses exactions au Nigeria et au Cameroun. Un impressionnant convoi de 400 véhicules militaires tchadiens parmi lesquels des chars, des véhicules blindés ainsi que de nombreux pick-up transportant des soldats a pénétré samedi au Cameroun, avec l'objectif de combattre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, contre lequel le président tchadien Idriss Deby a réclamé une "coalition" des Etats d'Afrique centrale. La veille, au moins deux autres convois militaires avaient quitté la capitale tchadienne en direction du sud mais en restant en territoire tchadien, pour sans doute franchir la frontière près de Maroua. Le président tchadien a accompagné ses troupes jusqu'à la frontière, assurant qu'elles seraient "opérationnelles dimanche". Il a aussi appelé les autres pays de la CEEAC (Communauté économique des Etats d'Afrique centrale) à former une "large coalition" pour lutter contre la menace de plus en plus dangereuse que constitue Boko Haram, qui a lancé une offensive d'envergure en janvier dans le nord-est du Nigeria, qui a multiplié les incursions en territoire camerounais et à la frontière tchadienne, et dont les combattants sont également présents à la frontière du Niger. Ce déploiement des forces tchadiennes et l'appel fait aux pays de la région surviennent dans un contexte de mobilisation des pays du bassin du lac Tchad. "Les chefs d'Etat de la commission du bassin du lac Tchad (CBLT – qui regroupe le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun, la Centrafrique et la Libye, accompagnés en plus du Bénin) tiendront dans ce sens une réunion demain, 20 janvier, à Niamey (Niger) pour l'opérationnalisation des actions", révèle le colonel Mohamad Idriss, directeur du cabinet du ministre de la Défense nationale du Tchad. Le Tchad, rappelle-t-on, fait partie de la force régionale formée pour lutter contre Boko Haram, qui était basée à Baga. Mais le Tchad comme le Niger en avaient retiré leurs soldats avant l'attaque de Boko Haram le 3 janvier. Ces soldats qui avaient combattu les groupes terroristes au Mali ont été accueillis en héros en septembre. Samedi matin, des dizaines de milliers de personnes ont encore défilé à N'Djamena, en soutien à l'armée tchadienne. La communauté internationale et l'Afrique semblent aussi se mobiliser sur le dossier, puisque le président français François Hollande et le secrétaire d'Etat américain John Kerry ont dénoncé cette semaine "les crimes contre l'humanité" commis par Boko Haram, alors que la sous-secrétaire générale de l'ONU, Leila Zerrougui, a appelé vendredi à une "réponse régionale". Le président ghanéen John Dramani Mahama, qui préside la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a déclaré vendredi espérer parvenir à "un plan d'action spécifique pour en finir avec le problème du terrorisme sur le continent". Selon Amnesty International, l'attaque de Baga est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par Boko Haram depuis le début de son insurrection en 2009. Celle-ci a fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés. A. R.