En 2015, Saïd Sadi, personnalité politique algérienne, se voit menacé de comparution devant les tribunaux pour avoir réaffirmé une évidence connue de tous les Algériens et que même les textes fondateurs de l'Etat, à l'instar de la plateforme de la Soummam, mettent en exergue. Je me souviendrai toujours des cours d'histoire qu'on nous dispensait à l'école des enfants de chouhada, où on nous répétait cette phrase qui me reste toujours en mémoire : Messali El-Hadj est un traître à l'Algérie et à sa glorieuse Révolution. Le jeune enfant de chahid que j'étais ne pouvait rester insensible à cette affirmation qui se répétait aussi dans mon entourage familial qui était, par ailleurs, pleinement engagé dans la lutte de Libération nationale en sacrifiant 14 de ses meilleurs enfants pour que vive l'Algérie. Les étés de l'après-Indépendance étaient aussi une occasion à d'autres débats animés par des émigrés, militants de la Fédération de France du FLN, de retour au pays, qui nous rapportaient les crimes commis par les messalistes du MNA à l'encontre des Algériens fidèles au FLN (1954/1962) et à l'ALN. Certains disaient même que les hommes de Messali ont fait plus de mal à l'Algérie en lutte pour son indépendance que la France coloniale. Moi, enfant de chahid, qui ai été pourtant témoin de tant d'horreurs commises par le colonialisme français, il m'a fallu attendre l'Indépendance de mon pays pour me faire tabasser et humilier par les soldats de Ben Bella et de Boumediene durant les événements de 1963 qui ont endeuillé la Kabylie. Mes anciens camarades de classe du Centre des enfants de chouhada d'Oued Aïssi ont encore le souvenir de cette armée de Ben Bella qui est allée jusqu'à faire irruption avec une violence inouïe dans une école occupée exclusivement par les enfants de chouhada. Les citoyens de notre région demeurent encore traumatisés par les crimes commis à l'encontre des femmes et des hommes sans défense et par l'assassinat de plus de 400 citoyens dont la majorité a contribué grandement à la Libération de notre pays, parmi eux mon oncle paternel, moudjahid de 1954 à 1962, assassiné à la fleur de l'âge, laissant derrière lui une veuve et une orpheline n'ayant aucun statut à ce jour. 52 ans après, subitement, Messali est devenu un héros de notre indépendance et se voit même gratifier de la baptisation de l'aéroport de Tlemcen, et ce, grâce à la générosité du "grand révolutionnaire" Abdelkader El-Mali et de son clan. En 2015, Saïd Sadi, personnalité politique algérienne, se voit menacé de comparution devant les tribunaux pour avoir réaffirmé une évidence connue de tous les Algériens et que même les textes fondateurs de l'Etat, à l'instar de la plateforme de la Soummam, mettent en exergue. Au-delà de la personne de Saïd Sadi, cette menace d'actionner la justice, restée passive depuis l'Indépendance face à toutes les dérives, tous les crimes et abus commis dans ce pays, est perçue par les hommes et les femmes épris de liberté et de justice comme étant une volonté délibérée du pouvoir en place de continuer à régner par la terreur, la menace et la falsification de l'histoire. Pour continuer à entretenir la confusion sur notre passé, le système algérien compte certainement, entre autres, sur le soutien des faux moudjahidine qui, de l'aveu même d'un ancien ministre des Moudjahidine, se chiffrent par milliers. La réaction de vierges effarouchées émanant des quelques cercles proches du pouvoir est une illustration parfaite de la panique qui gagne le système Boussoufien. Longtemps occupés par le partage de la rente pétrolière, les dignitaires du régime se tournent maintenant vers nous pour tenter d'imposer à jamais leur histoire falsifiée et par là même occulter les crimes commis par Ben Bella, Boumedienne et Boussouf à l'encontre de Abane, des colonels Amirouche, El-Houas, Lotfi, Chaâbani, Krim pour ne citer que ceux-là. Eu égard à ce qui précède, et pour rester dignes des sacrifices de nos parents, je lance un appel fraternel à tous les patriotes, à leur tête les moudjahidine, les veuves de chahid et les enfants de chouhada, pour se mobiliser avec Saïd Sadi afin de défendre la mémoire de nos martyrs et rester ainsi fidèles aux vœux de Didouche Mourad qui disait : "Si nous venons à mourir, défendez nos mémoires". Plus que jamais nous dirons : "à vous les hydrocarbures à nous l'histoire". H.-A. S. (*) Fils de chahid Président d'APC