La hausse enregistrée par les importations des céréales pour l'exercice 2014 ne veut pas dire que toutes ces quantités ont été consommées. Une bonne partie des quotas introduits en Algérie sera stockée pour couvrir pendant plusieurs mois les besoins nationaux en 2015. C'est du moins l'explication avancée par le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), quant à l'augmentation de la facture des importations qui a atteint, rappelle-t-on, 3,54 milliards de dollars. "Cela fait partie de la stratégie de l'Oaic qui a toujours œuvré pour mettre le pays à l'abri de toutes les instabilités et les conditions défavorables qui secouent actuellement les marchés mondiaux des céréales", indique Mohamed Belabdi. Si les stocks stratégiques ont été constitués pour l'exercice actuel, avec l'apport de la production nationale notamment pour le blé dur, il n'empêche que l'office n'hésitera pas à recourir de nouveau au marché international. La production nationale a enregistré un recul en 2014 à cause, argue-t-il, du déficit hydrique, dû à une sécheresse aiguë et des températures élevées qui avoisinent les 30°c, provoquant ainsi le fanage de l'herbe, surtout de l'orge. D'où le recours à l'importation y compris du blé dur dont les quantités produites, jusque-là, en Algérie, répondaient, dans une certaine mesure, à la demande locale. La production a atteint, faut-il le souligner, 34 millions de quintaux (q). Le rendement dans certaines wilayas a avoisiné les 25 q/hectare. Le niveau de la superficie céréalière, évaluée à quelque 3,2 millions d'hectares représente, estime M. Belabdi, un "point fort" par rapport aux besoins du pays. Seulement, il faut, explique-t-il, faire en sorte que ce patrimoine existant soit amélioré. Avec cela, "on peut atteindre un rendement moyen de 90 q/ha", affirme le DG de l'Oaic qui ajoute : "Le pari pour une indépendance des importations, voire une autosuffisance en blé dur et en orge, est à notre portée." Et pour le blé tendre ? "Il faut se donner le temps", répondra M. Belabdi sur les ondes de la radio Chaîne III. Le respect des itinéraires techniques, l'utilisation par les agriculteurs de semences performantes et l'introduction des irrigations d'appoint sur une superficie projetée de 600 000 hectares, constituent les principaux paramètres qui peuvent donner un second souffle à la filière céréalière. Si ces itinéraires sont respectés, il est possible, relève-t-il, de parvenir, rapidement et dans une première étape, à une production moyenne de 30 quintaux à l'hectare "permettant d'engranger environ 90 millions de quintaux de céréales par saison". Par ailleurs, l'Algérie a cessé d'importer des semences, depuis 1996. Or, notre pays a besoin d'en importer afin d'"améliorer leur patrimoine génétique et augmenter par conséquent leur rendement". À ce propos, il rappelle le protocole d'accord que l'office vient de signer avec le groupe français, Axereal, pour la création, en Algérie, d'une société mixte algéro-française de production de semences. L'Oaic a, selon lui, introduit récemment une trentaine de variétés de semences de blé français à haut rendement pour augmenter la productivité. Il s'agit de 34 variétés de semences de blé dur, tendre et d'autres semences fourragères, introduites dans le cadre de l'accord algéro-français conclu en 2013 entre l'OAIC et ce groupe français. Ce sont des variétés qui donnent de grands rendements en France qui atteignent les 80 quintaux à l'hectare avec des pics allant parfois jusqu'à 110 quintaux/ha, alors que le rendement moyen national ne dépasse pas les 17 quintaux/ha. Ces variétés seront mises sur le marché prochainement à la demande des agriculteurs potentiels dont notamment ceux équipés en moyens d'irrigation, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas dépendants de la pluviométrie. Des croisements avec des variétés locales sont également prévus dans le cadre de ce projet en vue d'obtenir des semences répondant au contexte climatique algérien. B. K.