Devenue une grande source d'insécurité pour le Nigeria et ses voisins, l'organisation terroriste Boko Haram fera l'objet d'un intérêt particulier du sommet de l'Union africaine demain et après-demain, alors que l'Africom et l'ONU jugent nécessaire d'aider Abuja pour juguler ce fléau. Le 24e sommet de l'Union africaine, qui se tiendra les 30 et 31 janvier à Addis-Abeba, aura comme un des principaux thèmes à son ordre du jour la lutte contre le groupe armé nigérian Boko Haram, a indiqué un responsable de l'UA. Ce dernier a précisé que cette organisation terroriste, qui ne cesse d'étendre son influence ces derniers mois, constitue désormais une menace pour toute la sous-région. Le secrétaire général de la Commission de l'UA, Jean Mfansoni, a affirmé, lors d'un point presse au siège de l'organisation panafricaine, qu'un des principaux objectifs du sommet serait "la mise en place d'une stratégie continentale pour contrer Boko Haram". Selon un diplomate d'un pays de l'Afrique centrale, cité par des médias, "cela fait des mois que l'armée nigériane n'arrive plus à lutter contre Boko Haram. Il faut qu'elle soit soutenue". Il faisait allusion aux récents massacres perpétrés dans la région de Baga, dans le nord-est du Nigeria, et les incursions meurtrières du groupe armé dans le nord du Cameroun. Plus de 13 000 personnes ont été tuées depuis 2009 au Nigeria dans les attaques de Boko Haram et les opérations militaires de l'armée, et près de 1,5 million d'habitants sont déplacés par les violences. De son côté, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a appelé à "une action africaine collective contre Boko Haram" lors des débats entamés à Addis-Abeba de la 26e session du Conseil exécutif (Conseil des ministres des Affaires étrangères) de l'UA. Elle s'est dit profondément horrifiée par la tragédie que le groupe armé Boko Haram continue d'infliger à la population africaine, même si les efforts de l'UA en faveur de la paix, de la sécurité et de la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance commencent à payer. "Je suis profondément horrifiée par la tragédie que Boko Haram continue d'infliger à nos populations, enlevant des jeunes filles dans des écoles, incendiant des villages, terrorisant des communautés entières et tuant gratuitement", a-t-elle déclaré. Cette inquiétude de l'Union africaine est partagée par l'envoyée spéciale de l'ONU pour la région, Hiroute Gebré-Sellassié, qui a estimé que le Nigeria, berceau du mouvement, ne peut plus agir seul, et le Sahel est à son tour sous la menace. "Il est temps de passer à l'action et de prendre conscience du danger que représente Boko Haram pour l'ensemble du continent africain", a expliqué le responsable onusien, tout en appelant le Nigeria à être "mieux disposé" vis-à-vis de la force militaire régionale créée fin 2014 par six pays de la région. Cette force peine à être opérationnelle en raison de dissensions entre Abuja — qui en a perdu récemment le commandement au profit de N'Djamena — et ses voisins (Cameroun, Tchad, Niger et Bénin). "Le Nigeria ne peut plus s'atteler au problème tout seul", a estimé l'envoyée spéciale de l'ONU, qui a ajouté : "Boko Haram n'est plus seulement confiné au Nigeria. Nous voyons un déferlement de réfugiés vers le Niger, le Cameroun et même le Tchad." "Le Sahel est de plus en plus impacté", a-t-elle indiqué, évoquant un "camp d'entraînement" de Boko Haram dans le nord du Mali. Par ailleurs, le commandant des forces américaines en Afrique, le général Rodriguez, a estimé, mardi à Washington, qu'il faudra "un gros effort international" pour lutter contre le groupe islamiste armé Boko Haram au Nigeria. "Je pense qu'il va falloir un gros effort international et multinational pour changer une situation qui continue d'évoluer dans la mauvaise direction", a-t-il déclaré en évoquant notamment le nombre "sidérant" de personnes déplacées. "Le gouvernement du Nigeria et les militaires nigérians vont devoir vraiment améliorer leurs capacités pour faire face, et ils vont avoir besoin d'aide", a poursuivi le général Rodriguez, qui s'exprimait devant le centre de réflexion CSIS (Center for strategic and international studies). "J'espère qu'ils vont nous laisser les aider de plus en plus", a poursuivi le général. M.T.