La lutte contre le groupe armé Boko Haram sera au cœur du 24e Sommet de l'Union africaine. Selon Jean Mfansoni, le secrétaire général de la Commission de l'UA, l'un des principaux objectifs du Sommet sera la mise en place d'une stratégie continentale pour contrer Boko Haram. Pourquoi une stratégie ? « Cela fait des mois que l'armée nigériane n'arrive plus à lutter contre Boko Haram et qu'il faut qu'elle soit soutenue ». Lundi dernier, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'UA, a appelé, lors des débats du conseil exécutif des ministres des Affaires étrangères, à une action africaine collective contre ce groupe qui ne cesse d'étendre son influence dans toute la sous-région. « Je suis profondément horrifiée par la tragédie que ce groupe continue d'infliger à nos populations, enlevant des jeunes filles dans des écoles, incendiant des villages, terrorisant des communautés entières et tuant gratuitement », dit-elle. L'UA n'est pas la seule organisation à tirer la sonnette d'alarme. « Le Nigeria ne peut plus s'atteler au problème tout seul », explique l'envoyée spéciale de l'ONU pour la région du Sahel, Hiroute Guebre Sellassie. « Boko Haram n'est plus seulement confiné au Nigeria. Nous voyons le déferlement des réfugiés vers le Niger, le Cameroun et même le Tchad », soutient-elle, soulignant que « le Sahel est de plus en plus impacté ». L'envoyée spéciale de l'Onu, qui évoque l'existence d'un « camp d'entraînement » de Boko Haram dans le nord du Mali, estime qu'« il est temps de passer à l'action et de prendre conscience du danger que représente Boko Haram pour l'ensemble du continent africain ». Afin d'endiguer ce danger, Mme Hiroute, qui suggère à l'Afrique de « s'approprier le problème » posé par Boko Haram, appelle le Nigeria à être « mieux disposé » vis-à-vis de la force militaire régionale créée fin 2014 par six pays de la région. Cette force peine à être opérationnelle en raison de dissensions entre Abuja — qui en a perdu le commandement au profit de N'Djamena — et ses voisins (Cameroun, Tchad, Niger et Bénin). Abuja, dont l'armée aurait été prévenue, selon Amnesty International, de l'imminence de l'attaque contre Baga, le 3 janvier dernier, sans doute la plus meurtrière jamais perpétrée par un groupe terroriste, va-t-elle abdiquer ? L'UA et l'Onu ne sont pas les seules à s'inquiéter de la montée en force de Boko Haram, les Américains qui ont des relations tendues avec le Nigeria aussi. « Je pense qu'il va falloir un gros effort international et multinational pour changer une situation qui continue d'évoluer dans la mauvais sens », déclare devant le CSIS (Center for Strategic and International Studies) à Washington, le général David Rodriguez. « Le gouvernement du Nigeria et les militaires nigérians vont devoir améliorer leurs capacités pour faire face, et ils vont avoir besoin d'aide », dit-il. « J'espère qu'ils vont nous laisser les aider de plus en plus », conclut le général américain. La guerre contre Boko Haram va-t-elle être menée par une coalition internationale ?