Le message est clair, restrictions budgétaires dans tous les domaines. C'est la conclusion de la réunion restreinte du président de la république, Abelaziz Bouteflika avec son premier ministre et ses ministres clefs ; finances, énergie et Banque d'Algérie, pour discuter les conséquences de la chute du prix du pétrole et le plan d'action à mettre en place en ce début d'année 2015. On a tendance à minimiser l'aide de l'état en ce qui concerne la formule location-vente AADL. Rappelons dans ce cadre, que le programme AADL a été financé initialement par le trésor public, par le biais de crédits à 0% d'intérêts, bonifiés totalement pour les 150 000 logements initiaux de cette formule relancée en 2013 par le nouveau ministre de l'habitat Abdelmadjid Tebboune. Cependant, et compte tenu de la conjoncture actuelle marquée par la chute du prix du pétrole, le trésor public ne pourra financer dans les mêmes conditions les 400 000 logements projetés dans le cadre du programme quinquennal 2015-2019 qui viendront s'ajouter aux 230 000 en cours de réalisation. Pour bien comprendre le financement du programme AADL, il est utile de rappeler qu'il est composé d'un apport personnel de 25% du prix du logement, soit 525 000 DA pour un F3 et 675 000 DA pour un F4 ; une aide fixe de 70 millions de centimes, plus connue sous l'appellation aide de la caisse nationale du logement « CNL » qui sera de l'ordre de 280 milliards de dinars pour les 400 000 logements du futur programme quinquennal. Le montage AADL comporte aussi une aide étatique, moins connue du grand public, de 10 000 DA le m2 soit une moyenne de 75 millions de centime par logement, totalisant 300 milliards de dinars pour le futur programme AADL de 400.000 logements. Enfin un financement bancaire des 950 000 DA restant par appartement, soit 380 milliards de dinars. En somme, l'aide directe de l'Etat pour réaliser les 400.000 logements AADL voulus par le secteur de l'habitat s'élèvera à 580 milliards de dinars soit 7,3 milliards de dollars, sans compter le coût de la bonification du financement bancaire qui se chiffre à des dizaines de milliards de dinars. L'Algérie poste chute du pétro a-t-elle les moyens de sa politique de logement ? Depuis plus de quatre années, l'Etat bonifie les taux d'intérêts des prêts accordés par les banques et les établissements financiers pour l'acquisition d'un logement collectif et la construction d'un logement rural. Cette bonification bénéficie également aux particuliers prétendant à un logement promotionnel auprès des promoteurs immobiliers y compris les demandeurs de Logement Public Promotionnel (LPP). Le coût de la bonification des 40 000 logements LPP, lancés récemment par l'ENPI sera de l'ordre de 200 milliards de dinars soit 2,5 milliards de dollars. Tous ces chiffres montrent l'ampleur du coût de l'aide de l'Etat à engager pour mener à bien les programmes AADL et LPP, et ce, sans prendre en compte les autre formes d'aides publiques notamment l'habitat rural et la bonification des crédits pour l'achat d'un logement promotionnel. Il faudra une baguette magique pour notre ministre des finances pour financer tous ces chantiers prévisionnels avec un cours du pétrole à 45 $. Va-t-on vers le gel des bonifications en 2015 tout secteur confondu ? Ça déchargerait le Trésor public d'une somme colossale dans une période de vache maigre, et comme disait Brel « Faut pas jouer les riche, quand on n'a pas le sou ». Lotfi Ramdani Fondateur du portail immobilier Lkeria.com