C'est un album-constat de 13 titres qu'il met entre les mains des mélomanes. Son but : secouer la torpeur, apporter des remèdes et surtout témoigner de son temps, fait de déception, d'ingratitude et de volte-face. Dans une attitude passionnée, habillée d'un tissage de mots bien ficelé, Zedek Mouloud exalte, dans sa dernière œuvre, Asderfef (tâtonnement), ce que la poésie possède comme force. Un album sans concession. Fait sur la base d'un cri et d'une révolte, l'artiste met son don au service de l'identité. Cette quête inlassable d'une voie de salut le mène vers des horizons que nul avant lui n'a pris le soin de décrypter. Connu pour être "un génie" du verbe, Zedek énumère tous les maux qui travestissent l'idéal sociétal et tente de les corriger avec des mots simples, mais ô combien limpides. Voilà exactement le rôle de la poésie de Zedek Mouloud. Lui, il la dévoile avec force et verve. Elle met à nu l'environnement qui l'entoure. Dans la richesse de ses textes, il exprime la pauvreté de ses concitoyens avec lyrisme. Il les critique, il secoue les consciences et les appelle à la raison. L'album contient 13 titres. Chacun engage une vision et propose une issue. C'est un album-constat qu'il met entre les mains des mélomanes. Son but : secouer la torpeur, apporter des remèdes et surtout témoigner de son temps, fait de déception, d'ingratitude et de volte-face. Offensif, il reprend sur lui ces "tares" qu'il présente comme une régression. La société, dont il est l'un des meilleurs observateurs, le taraude. Elle occupe une place de choix dans ses œuvres. Tamazight ou taqvaylit, cet idéal que défend Mouloud avec hargne s'est traduit dans sa première chanson, Taqvaylit nni, le titre-phare de l'album où il évoque le rétrécissement du champ de la langue. Il pointe d'un doigt accusateur les tentatives d'acculturation. Dans la mêlée, il traite du quotidien des jeunes. Entre islamisme, passivité et envie de prendre le large, Zedek fait ressortir les contradictions des uns et des autres. Limmer Bghigh (si je voulais) est un titre qui traite de la situation de l'artiste. Il revient sur un événement auquel il avait pris part avant de se voir pris à partie par ceux qu'il défend. Dans la chanson Cna (les artistes), il interpelle les artistes sur leur silence. Tazrout (le rocher), D Nekk (c'est moi), Dda Slimane – en hommage à Slimane Azem et à travers lui à tous les artistes –, Ayen iyi yughen (ce qui m'arrive), Agherabbu (le bateau), Cwi telli-d (heureusement que tu es là) sont autant de titres qui ornent cet opus aux mille couleurs. Zedek exploite un riche vocabulaire en kabyle. Il présente des tableaux. à travers cet album, il confirme qu'il est un barde qui exprime sans artifice ce que vit la société. Un artiste de talent. Sa quête de soi n'est jamais une offense à autrui. Il cherche sa voie. Sa vie à lui est celle d'un barde qui inscrit ses mots en lettres d'or. "Si haute soit la montagne, on y trouve un sentier", dit l'adage. Zedek a su trouver sa voie, celle de dire vrai, cru et bien. M.M.