Sur près de 150 personnes attendues du ministère, des directions de l'hydraulique, des wilayas et des agences, seule une dizaine s'est présentée à l'ouverture des travaux. Le secteur des ressources en eau a brillé par son absence lors du colloque international sur l'eau et l'environnement, qui s'est tenu, hier et avant-hier, à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. Sur près de 150 personnes attendues du ministère, des directions de l'hydraulique, des wilayas et des agences, seule une dizaine s'est présentée à l'ouverture des travaux puis s'est retirée. Pourtant, comme ont eu à l'exprimer sans cesse, les participants à cette manifestation scientifique, la problématique de l'eau touche l'ensemble des Algériens et interpelle, en premier chef, les responsables et les représentants du secteur en question. Hier, plusieurs participants ont tenu à féliciter l'école nationale supérieure de l'hydraulique (Ensh) à l'origine de la tenue du colloque, en appréciant “la qualité des débats et des communications”. Hassan Jarar Oulidi, chercheur marocain de l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, a applaudi au “bon niveau des communications”, en espérant participer encore à “d'autres manifestations de ce genre”. Abderrahmane Ayadi, enseignant à l'Ensh et ancien du secteur de l'hydraulique, n'a pas caché son inquiétude quant à l'évolution dans le domaine de l'eau. “Nous ne connaissons pas en Algérie, l'état de santé du réseau des conduites d'eau. J'ai bien peur que ce soit une bombe à retardement”, a-t-il indiqué, non sans relever plus loin : “Depuis 1962, l'Algérie n'a fait qu'investir. Mais, dans le secteur de l'hydraulique, l'investissement à lui seul ne compte pas, il faut le suivi...” Pour M. Ayadi, l'Algérie reste “le seul pays au monde qui donne gratuitement de l'eau”, car le litre d'eau du robinet demeure encore une énigme. Des participants, ayant requis l'anonymat, ont fait savoir que le secteur des ressources en eau enregistre bon nombre de responsables à la tête des structures “qui n'ont rien à voir avec le secteur”, alors que les cadres et les compétences en hydraulique existent bel et bien en Algérie. Certains se sont même référés à une contribution publiée dans un quotidien national, il y a quelques années, de feu Hammadi, ex-secrétaire général du ministère de l'Hydraulique, qui aurait soutenu qu'on ne pouvait mettre n'importe qui à la tête des structures de l'eau. Autres arguments chez le Dr Mekki Messahel, membre du Conseil mondial de l'eau. Selon lui, la sécheresse qui s'est déclarée en Algérie en 2002 “a été bénéfique pour le pays”, puisqu'elle a contraint les pouvoirs publics à aller vers “une véritable politique de l'eau”. “Concrètement, beaucoup de projets ont été réactivés. On a créé l'Algérienne des Eaux et l'Office national de l'assainissement. Il y a eu également la réhabilitation du réseau AEP d'Alger pour réduire les fuites d'eau. Et, dernièrement, le gouvernement a encore amendé le code des eaux”, a affirmé M. Messahel. Ce dernier a néanmoins laissé entendre, lors de notre entretien, que l'argent du Plan national du développement agricole (Pnda) n'est pas correctement utilisé. “L'argent de ce plan n'est pas gaspillé, mais il faudrait un peu plus de sérieux dans l'agrément des “bureaux” d'études, dans la réalisation des travaux de projection des réseaux à réaliser et dans le contrôle de la qualité de l'équipement”, a révélé le chercheur algérien, avant d'interpeller l'Etat “pour la création d'un laboratoire de contrôle de la qualité du matériel d'irrigation”. Le colloque international sur l'eau et l'environnement a bien entendu abouti à des conclusions. L'atelier “eau” a dégagé un certain nombre de recommandations concernant la protection des barrages contre l'envasement, la réutilisation des eaux usées, les techniques d'épuration des eaux usées et la réhabilitation des périmètres irrigués. Le second atelier consacré à l'“environnement” a, quant à lui, beaucoup insisté sur la formation et l'information des gestionnaires du secteur de l'environnement. Il a aussi proposé “l'instauration d'une politique nationale” sur notamment la gestion des déchets et les technologies non polluantes. H. A.