La Méditerranée n'est pas à l'abri de la sécheresse. Ce constat émane des experts, nationaux et étrangers, et renvoie notamment au fait que la plupart des pays méditerranéens ont vécu des sécheresses pluriannuelles, au cours des deux dernières décennies. À l'exemple des pays maghrébins qui ont connu des sécheresses dans la période 1980-1996. Même si l'incertitude entoure encore la problématique de la réduction de l'eau dans l'espace méditerranéen, ses conséquences interpellent tout un chacun dès à présent. Mohamed Saïd Benhafid, président du colloque international sur l'eau et l'environnement, qui s'est tenu hier et avant-hier à Sidi-Fredj, affirme que les prévisions mondiales sur les ressources en eau annoncent “une ampleur sans précédent” de la crise mondiale de la ressource hydraulique et de l'environnement, qui se reconnaîtra par “une augmentation sensible du déficit en eau”, suivie d'une “dégradation de l'environnement : pollution des eaux, tarissement des fleuves, désertification et salinisation des sols, inondation et érosion des sols, etc.” “Aujourd'hui, il est admis partout qu'aucune région ne sera épargnée par l'impact de cette crise, qui touche tous les aspects de la vie”, renchérit M. Benhafid, faisant allusion principalement à l'écosystème et à la biodiversité. Le directeur de l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique (ENSH) reste également convaincu que le facteur démographique n'est pas sans conséquence sur notre environnement, que les dégâts seront de plus en plus évidents d'ici à 2050, puisque la population mondiale passera de 6 à 9 milliards de personnes. “Cette explosion démographique, dit-il, ne serait pas préoccupante si nous ne consommions pas les ressources de notre planète plus rapidement qu'elles ne se forment”. En plus clair, ce qui semble alarmer M. Benhafid, ce n'est pas tant la courbe démographique mondiale, qui connaît un ralentissement relatif. C'est plutôt “l'épuisement prématuré des sols et des ressources naturelles”, résultant de la “surconsommation des pays du Nord, associée à la pression alimentaire dans les pays du Sud”. Autrement dit, la réflexion autour de la préservation de l'eau pose d'emblée la question de la consommation de l'eau et la façon dont la ressource est gérée, en vue d'aboutir à des solutions à la fois justes et adaptées, qui seront capables de préparer les milieux naturels et de freiner leur dégradation. Abordant le cas de l'Algérie, le responsable de l'ENSH avoue que “l'eau est une ressource rare, fragile et inégalement répartie sur les différentes zones du territoire”. Selon lui, la demande en eau est “continuellement en augmentation”, alors que des pénuries “conjoncturelles ou structurelles” sont enregistrées sur le terrain. Mais, ce n'est pas tout, avertit M. Benhafid, en rappelant les ravages de l'environnement qui découlent de “l'intervention anthropique” et qui sont amplifiés par les déficits hydriques. D'où, explique-t-il, l'intérêt grandissant, notamment aux sujets liés à la mobilisation et l'amélioration de la distribution, à l'utilisation de l'eau, à la protection et à la préservation de l'environnement. Lors des travaux du colloque, Mohamed Saïd Benhafid a attiré l'attention sur les technologies de dessalement de l'eau de mer, en les présentant comme une “piste d'avenir” capable de réduire de manière significative la dépendance dans le domaine de l'eau. Seulement, le responsable a fait état du jetage en mer du sel provenant du processus de dessalement, en prévenant du risque d'augmentation du degré de salinité des eaux de mer, qui agira négativement sur la faune et la flore marine. Sur le registre de la désertification, M. Benhafid a inscrit le règlement de ce problème dans le cadre de la lutte contre l'avancée des sables, de la mise à niveau des terres et de l'exploitation des eaux souterraines, ainsi que de la politique de réaménagement du territoire et de développement durable. Place à l'action ! H. A.