La dévaluation du dinar et la primauté de la fiscalité ordinaire sont inévitables si les pouvoirs publics veulent avoir une balance des paiements soutenable. Dans les lignes qui suivent, nous essayons d'apporter brièvement quelques éléments et données statistiques sous forme d'éclairage pour se faire la meilleure idée possible sur les conséquences de la perte brutale des revenus des hydrocarbures qui va diminuer considérablement la fiscalité pétrolière, ce qui conduirait à une dépréciation du dinar pour pallier l'insuffisance des ressources en devises afin d'affronter la conjoncture avec toutes les conséquences que cela induirait sur le pouvoir d'achat, ceci d'autant plus qu'une grande partie de l'offre provient de l'importation qui absorbe déjà près de 80% de nos recettes pétro-gazières et non pas de la production qui risquerait aujourd'hui un problème sérieux sous l'effet du contexte international actuel qui s'est assombri brutalement avec la chute brutale du prix du baril de pétrole sans pour autant espérer une alternative. Car, faut-il le rappeler, faute d'avoir développé une économie hors hydrocarbures qui ne représente que 2% dans la structure des revenus du pays. Si on se tient aux dernières mesures du gouvernement, en dépit de la baisse drastique des prix du baril de pétrole, l'Etat entend maintenir le même rythme de ses efforts pour le confortement de sa politique sociale et d'investissement dans les infrastructures et des équipements collectifs. La dévaluation du dinar et la primauté de la fiscalité ordinaire sont inévitables si les pouvoirs publics veulent avoir une balance des paiements soutenable. Parce que nous sommes pénétrés dans une période de turbulences au moment où nos lois de finances n'innovent guère en matière d'ingénierie dans les choix budgétaires, l'introduction d'éléments marchands pour répondre aux besoins des investisseurs ou des agents économiques dans une optique de mondialisation, pour s'adapter aux bouleversements et s'intégrer dans les espaces géostratégiques. L'essentiel de la loi de finances pour 2015, allant encore une fois à l'orientation macroéconomique à l'aide des mécanismes classiques. Alors qu'aujourd'hui nous sommes dans une économie de marché où il faut piloter le budget de l'Etat à un niveau économique élevé pour transformer notre économie de rente, en une économie de production et de transformation. On ne gouverne pas l'économie par décret et à coups de circulaires, l'économie se fait et se développe avec l'action, le propre de l'homme de la vision, de la forte personnalité et du terrain. Aujourd'hui, un dirigeant économique ou politique de valeur est celui qui accomplit ses devoirs envers la société, exerce ses responsabilités en professionnalisme et possède les capacités d'anticiper, d'innover, de redresser et d'améliorer. En somme, à œuvrer au développement d'un modèle de croissance intégré et fondé sur quatre facteurs structurants : le savoir, le capital, le travail et la production, ceci d'une part, et l'impératif de faire prévaloir la rigueur dans la gestion des ressources et le contrôle des actifs de l'Etat, d'autre part. À cet égard, tous les Algériens se rappellent de cette chute énorme des prix du pétrole qui a mené notre pays vers une grande crise socioéconomique des années 1986/1990, provoquant la liquidation de près d'un millier d'entreprises, l'explosion du chômage de près de 30%, l'inflation de près de 25% et enfin l'explosion sociale concernant la tragédie nationale du 5 Octobre 1988. Nous assistons depuis à un immobilisme économique en termes d'investissements industriels, de croissance hors hydrocarbures, de création d'emplois durables, d'inflation en évolution frappent de plus en plus durement l'économie nationale et la société en général avec finalement, explosion de mécontentement des couches sociales, des phénomènes de violence, d'immolation, harraga, de scandales en série de corruption qui se sont généralisés et internationalisés restant d'une grande actualité nationale comme on a pu le constater ces dernières temps où ils font la Une de la presse et qui agitent notre pays. Comme on peut le constater, la rente, c'est la destruction de l'économie et ne peut que générer les subventions, les transferts sociaux, l'inflation et enfin les protestations. On voit bien que notre pays enregistre un retard considérable face à une situation qui semble fortement exposée à la crise lorsque l'on sait, par ailleurs, que l'Algérie, dont la richesse est aujourd'hui essentiellement constituée des pétrodollars. En effet, la dépendance chronique du budget de l'Etat des recettes des hydrocarbures et notre économie n'arrive toujours pas à produire suffisamment et à parvenir à développer l'offre et à générer suffisamment de richesses, d'emplois et de technologies due essentiellement au manque de l'ordre dans le gouvernement des entreprises algériennes et d'ambitions des dirigeants d'entreprises, notamment les entreprises publiques économiques continuent d'être un fardeau pour le Trésor public, mais aussi et surtout, d'un mode de gestion fortement étatisé et d'une économie politique qui n'existe pas. Ce qui explique aujourd'hui une économie en déroute et un climat social particulièrement complexe et persistant, dont les symptômes se manifestent à tous les secteurs d'activité qui affectent le bon fonctionnement de notre économie, notamment, fortement coûteux pour la collectivité nationale au regard de la croissance de la dépense publique dont le niveau d'équilibre budgétaire par référence au prix du baril se situe à un seuil préoccupant, notamment passant de 37 dollars à 75 dollars pour atteindre aujourd'hui près de 120 dollars, ajoutez à cela les surcoûts enregistrés sur la réalisation des projets qui se situent en moyenne entre 20% et 40%, l'évolution du taux démographique et d'une urbanisation massive. Tout cela présente aujourd'hui des facteurs antiéconomiques et susceptibles de nuire aux perspectives de notre développement économique et par voie de conséquence constituent un sérieux problème de société. Cela nous renseigne d'abord que nous demeurons toujours dans une gestion économique provisoire et coûteuse à la charge du budget de l'Etat pour ne pas dire du contribuable dont les performances restent encore faibles et sans pour autant soit transformées dans l'économie réelle notamment en opportunités d'affaires à l'égard des besoins d'une économie de marché dont l'Algérie est faiblement intégrée dans la division internationale du travail. Ensuite, la consommation intérieure est sérieusement posée puisqu'elle est à même d'absorber la croissance de 7%, dont s'est engagé notamment le gouvernement dans le nouveau plan de relance 2015-2019. On pourrait avancer que cette crise énergétique s'explique par, en grande partie, de notre point de vue, l'abondance de l'offre mondiale vis-à-vis de la demande due à l'accélération de la production américaine et de l'Union européenne en pleine révolution de l'exploitation du charbon, du pétrole et du gaz de schiste, c'est-à-dire les hydrocarbures non conventionnels de l'Arabie saoudite qui fait baisser les prix négociés avec les pays asiatiques et enfin des nouvelles mesures prises par le Japon en matière de relance monétaire qui faisaient monter le dollars le rendant moins attrayant. Et auquel l'Algérie ne peut s'engager dans une guerre des prix ou dans les stratégies géostratégiques du fait qu'elle n'est pas préparée et faiblement intégrée dans l'économie mondiale, où tous les leviers sont entre les mains du groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète qui sont : USA, France, Angleterre, Japon, Italie, Allemagne et Canada. C'est ainsi que le monde fonctionne et évolue aujourd'hui auquel notre pays doit s'inscrire en mettant en avant les entreprises et les compétences. À cette étape décisive, que valent maintenant ces mesures dites d'urgence prises par le gouvernement le 23 décembre 2014 en vue de réduire certaines dépenses de fonctionnement et d'équipement, après que notre pays ait accumulé beaucoup de retard et de ratages dans la construction d'une économie productive et compétitive où dans pratiquement tous les secteurs, il y a des surcoûts et des manques à gagner qui sont subis quotidiennement par le pays avec un déséquilibre intersectoriel qui ont rendu à notre pays sa dépendance des recettes de la rente pétrogazière à 98%, et on reste sur une croissance dépendante excessivement de la dépense publique et du commerce d'importation. En conséquence, ces mesures s'avèrent à notre humble avis insuffisantes, car ces dernières ne vont pas trop changer la nouvelle donne. En effet, elles n'annoncent pas que l'Algérie s'apprête à entamer l'étape de l'après-pétrole compte tenu de l'ampleur de cette chute brutale qui va durer dans le temps. Ne fallait-il pas commencer par des mesures de fond, pour s'attaquer aux contraintes structurelles, dont notamment institutionnelles, douanières, fiscales, bancaires ou des mesures dérogatoires pour des investissements stratégiques? Comme si de rien n'était, on prépare les conditions de mise en œuvre du nouveau plan de relance 2015-2019 qui s'établit à 286 milliards de dollars sur les fonds du Trésor public. On met ainsi en difficulté l'avenir des équilibres budgétaires, car la loi de finances 2015 n'a pas apporté de grands changements dans le système budgétaire notamment la primauté de la fiscalité ordinaire sur la fiscalité pétrolière ou du moins la participation financière des investisseurs, alors qu'au même moment les cours du baril de pétrole continuent de chuter passant d'un pic de 120 dollars en juin 2014 à 49 dollars le baril en janvier 2015, soit une perte de près de 50%, associés cette fois-ci à la baisse de la production des hydrocarbures à un peu plus de 10% et la faible performance de la fiscalité ordinaire restant avec une part contributive de 35% dans la structure budgétaire. Ainsi, la politique de l'argent du pétrole doit être revue et corrigée. Oui, d'abord le budget de l'Etat est celui de stimulateur et de régulateur dans l'économie nationale en matière d'investissement, de production, productivité, salaire, prix et celui de l'entreprise de devenir performante alors que le budget en Algérie reste dans une vision socio-économique basée encore une fois sur la rente et loin des réalités des marchés et des évolutions mondiales. Ensuite, nos entreprises qui restent fortement dépendantes de l'importation des biens de consommation intermédiaires (matières premières, pièces de rechange, demi-produits, équipements...), ne font qu'aggraver davantage les importations pour parvenir à contribuer au taux de croissance de 7% que s'est fixé le gouvernement pour la période 2015-2019. Quelle solution ? L'Algérie a besoin aujourd'hui d'un nouvel ordre socioéconomique notamment, celui d'un gouvernement des entreprises à sa tête de grands hommes à valeur H et d'une conception mondiale pour s'engager dans une véritable voie de réforme économique en harmonie avec les réalités des marchés et des évolutions mondiales, un tournant décisif pour sortir le pays de la forte dépendance des hydrocarbures marquée par l'attitude de la pensée unique et aller vers la consécration des conditions à l'investissement productif, au transfert technologique ou le know-how et à la capacité de nos entreprises à être compétitives pour bénéficier d'une envergure internationale. Cela va sans dire ouvrir la voie permettant de lever les blocages qui continuent d'entraver l'initiative et l'action économique en Algérie pour redresser la compétitivité pour une meilleure intégration de nos entreprises dans les règles et les mécanismes de l'économie de marché dans un contexte mondial ouvert, pour en finir avec une économie subventionnée via la dépense publique qui représente 60 milliards de dollars, soit 30% du PIB, à plus forte raison lorsqu'on considère que seules les exportations hors hydrocarbures peuvent soutenir la croissance, l'emploi et le pouvoir d'achat. C'est dire qu'on doit éviter les amalgames à l'exemple de la Chine connue pour son idéologie nationaliste, mais à forte économie de marché devenue aujourd'hui la plus grande usine au monde. À ce propos justement, un pays dit développé n'est que le reflet fidèle de la puissance économique et technologique de ses entreprises qui constituent la bonne gouvernance économique et sociale. Autrement dit, établir de véritables paramètres qui plaident pour "l'économie c'est l'entreprise et le marché c'est l'entreprise". A. M. Financier et auteur, deux ouvrages : Comptabilité des sociétés et Gouvernance des entreprises