L'opposant et ancien vice-Premier ministre russe Boris Nemtsov a été tué par balle en plein centre de Moscou, dans la nuit de vendredi à samedi. Boris Nemtsov, 55 ans, se promenait avec une jeune femme sur le Grand Pont de pierre, juste à côté du Kremlin, dans la nuit de vendredi à samedi, quand "vers 23h15, une voiture s'est approchée d'eux, quelqu'un a tiré des coups de feu, dont quatre l'ont touché dans le dos, causant sa mort", a déclaré une porte-parole du ministère russe de l'Intérieur, Elena Alexeeva, à la chaîne de télévision Rossia 24. Un responsable du comité d'enquêtes, Vladimir Markine, a indiqué de son côté que "pas moins de six ou sept coups de feu ont été tirés sur Boris Nemtsov par un inconnu circulant en voiture". Aussitôt la nouvelle connue, des Moscovites sont venus déposer des fleurs près de l'endroit où l'opposant a été tué. Cela a provoqué aussi moult réactions de la part des dirigeants occidentaux et de l'opposition en Russie qui ont dénoncé, d'une seule et même voix, l'assassinat choquant de l'opposant Boris Nemtsov. La Maison-Blanche a, en effet, condamné "le meurtre brutal" de Boris Nemtsov et appelé "le gouvernement russe à rapidement mener une enquête impartiale et transparente". Le président ukrainien Petro Porochenko a lui aussi réagi : "Il (Boris Nemtsov) était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin. Je pense que ce n'est pas par hasard." De son côté, la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, a fait part de son "indignation" face au "meurtre brutal" de l'opposant russe, appelant les autorités russes à mener une enquête "complète, rapide et transparente". Un avis que soutiennent, en Allemagne, la chancelière Angela Merkel qui s'est déclarée "consternée" par le "meurtre lâche" de l'opposant russe et le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est dit "triste et furieux". Et à Paris, le président français François Hollande a dénoncé hier l'"assassinat odieux" de l'opposant russe, saluant la mémoire d'un "défenseur courageux et inlassable de la démocratie". D'autre part, le président Vladimir Poutine et ses alliés évoquaient de leur côté une "provocation" contre le Kremlin visant à "déstabiliser le pays". "Cet assassinat brutal portait les marques d'un meurtre commandité et avait tout d'une provocation", a déclaré Vladimir Poutine, selon son porte-parole, Dmitri Peskov. Un responsable du Parti communiste russe, Ivan Melnikov, a également estimé qu'il s'agissait d'une "provocation sanglante (...) destinée à relancer l'hystérie antirusse à l'étranger", dans une déclaration citée par Ria Novosti. Alors, "meurtre politique" ou "provocation" ? C'est selon. Pour l'Occident en tout cas, il remet en selle la question des droits de l'homme en Russie et, de surcroît, de son rôle supposé dans la guerre en Ukraine. L'ancien vice-Premier ministre de Boris Eltsine était un opposant acharné à la "la guerre en Ukraine" et qualifiait d'illégale "l'annexion de la Crimée". Il devait participer aujourd'hui à une manifestation de l'opposition dans un quartier excentré de Moscou. Mais la manifestation à laquelle il devait prendre part est annulée et remplacée par une marche à la mémoire de l'opposant assassiné dans le centre de la capitale. Les autorités ont donné leur accord pour une marche qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants. Cela survient alors que la situation dans l'Est séparatiste prorusse en Ukraine était relativement calme hier, mais quelques affrontements sporadiques ont perturbé le cessez-le-feu fragile et nourri les craintes d'une nouvelle escalade. Ce qui fera dire aux observateurs internationaux que le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine était à "la croisée des chemins". A. R.