La matinée a été mouvementée hier matin au siège de la daïra de Bouira lorsqu'une dizaine de personnes sont montées sur le toit et ont menacé de se jeter ensemble dans le vide si les autorités ne leur octroyaient pas des logements sociaux. Ces jeunes, pour la plupart issus du quartier des 1 100-Logements du chef-lieu de la wilaya, n'ont eu de cesse, ces derniers mois, de frapper à toutes les portes pour faire entendre leurs doléances, en vain. Selon l'un des protestataires, même le chef du gouvernement a été destinataire d'un rapport faisant état de la précarité dans laquelle ils évoluent. "Nous habitons avec nos parents et nos enfants dans des F2, voire des F3 pour les plus chanceux. La nuit, nous devons sortir pour laisser nos familles dormir, et nous ne rentrons qu'au petit matin, après que tout le monde est sorti pour pouvoir dormir à notre tour, c'est une situation infernale", déclarera Brahim, la quarantaine, un des protestataires rencontrés sur les lieux. Pendant ce temps, une dizaine de jeunes s'est rendue sur le toit de la daïra en menaçant de se jeter dans le vide si les autorités ne révisaient pas la liste des bénéficiaires des logements sociaux en y incluant leurs noms. Pour prouver qu'il ne s'agissait pas là de simples menaces en l'air, les jeunes, torse nu, ont alors commencé à se larder le corps avec des lames de rasoir et autres objets contondants. Les forces de l'ordre dépêchées en renfort sur les lieux ont eu tout le mal du monde à raisonner les jeunes désespérés. Après plusieurs heures de négociations, et après qu'une des personnes sur le toit a fait un malaise, les jeunes redescendront après avoir eu la promesse d'être reçus par le chef de daïra en personne. Les six personnes couvertes de sang, qui avaient commencé à s'automutiler, ont été conduites sous bonne escorte policière dans une salle, le temps de se calmer, et ont eu par la suite un entretien avec le chef de daïra. Ce dernier leur aurait promis d'étudier la situation au cas par cas, avant de résoudre ce problème. H. B.