En 1998, date du dernier recensement de la population, plus de 60% des habitants de l'Algérie sont concentrés au nord sur 4% du territoire national, là où se trouve l'essentiel du potentiel agricole (70% des terres agricoles de valeur) et hydraulique. Les régions des Hauts-Plateaux abritent, quant à elles, le quart de la population du pays sur 9% de la superficie nationale et le sud près de 10%, répartis sur 87% de l'ensemble du territoire. L'espace agricole de l'Algérie s'avère très limité. Il représente actuellement 0,24 hectare par habitant et n'en représentera que 0,19 en 2010 et 0,17 en 2020. Les ressources potentielles en eaux superficielles et souterraines sont localisées à hauteur de 60% au Nord, 13% dans les Hauts-Plateaux et 27% au Sud. L'essentiel des écoulements (89%) se trouve dans le Tell : 18% à l'Ouest, 41% à l'Est et 24% au Centre. À terme, le conflit eau potable/agriculture/industrie risque de se poser de manière aiguë. La part de l'eau potable, qui ne dépasse pas les 15% des ressources mobilisables actuellement, représentera 40% en 2025. Autrement dit, l'augmentation se fera au détriment de l'agriculture et de l'industrie. En 2020, l'Algérie comptera 42 millions d'habitants avec 30 millions dans les régions telliennes du nord, alors que pour un territoire presque trois fois plus vaste, les Hauts-Plateaux ne compteraient que 12 millions. La région d'Alger atteindra, à elle seule, 6 millions en 2010. Ces statistiques ont été rappelées, hier, par Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire qui a prôné la nécessité de recourir coûte que coûte à une politique d'équilibre entre les différentes régions de l'Algérie. Une nouvelle optique du gouvernement en matière de développement que Cherif Rahmani a présentée, hier, lors de la conférence nationale organisée à l'hôtel Hilton, conjointement avec le ministère délégué à la participation et à la promotion des investissements concernant les grands chantiers de l'option Hauts-Plateaux-Sud (2005-2009). C'est également aux côtés du ministre délégué chargé de la relance économique auprès de la chefferie du gouvernement que Cherif Rahmani a fait ressortir toute la valeur de l'entreprise, placée désormais au centre de toute politique de développement, y compris celle de l'aménagement du territoire. D'où d'ailleurs la pertinence de trouver les moyens adéquats pour impliquer les organisations patronales privées. La première attraction pourrait bien être les facilitations fiscales très encourageantes offertes en matière d'investissement, mais cela reste insuffisant, de l'avis d'un participant, pour prétendre à une véritable participation efficiente. "Le sous-développement n'est pas un statut, mais un processus qu'on peut parfaitement inverser à travers des synergies", a déclaré le ministre, convaincu que le choix de développer les Haut-Plateaux n'est plus désormais considéré comme une option, mais se présente en tant que réalité incontournable, si on veut éviter l'étouffement des régions du centre, mais aussi l'éventuelle reprise des mouvements migratoires si des efforts de mise en valeur des régions intérieures ne sont pas vite entrepris. D'ailleurs, des mouvements de cette tendance apparaissent déjà autour de certaines métropoles, ce qui s'explique par la dégradation de la situation dans le monde rural et les tensions sécuritaires qui s'y exercent depuis quelques années. Il s'agit, en définitive, de fixer les populations dans leurs régions car l'exode rural, selon le ministre, reprend de plus belle. En 1962, l'Algérie comptait un citadin pour deux ruraux et aujourd'hui la tendance est totalement inversée. N. S.