« Dans le cas du foncier agricole, la situation des terres publiques situées au nord est préoccupante et interpelle les pouvoirs publics. Celle qui prévaut dans les zones steppiques sur les terres de parcours ne l'est pas moins et requiert plus de sollicitude car, à la différence des premières, l'Etat n'a plus affiché de position claire depuis la promulgation du code pastoral, aujourd'hui abandonné », a constaté le Conseil national économique et social (CNES) dans son rapport sur « le foncier agricole en Algérie : une contrainte au développement économique » à l'occasion de la tenue de sa 24e session en juin dernier. Le CNES a plus d'une fois fait remarquer l'état de délabrement avancé du foncier en Algérie, dont la rareté, la mauvaise gestion et la spéculation ont fait entrevoir au conseil l'arrivée d'« une crise foncière ». Il est fait état de 60% de la population qui sont concentrés au nord, sur 4% du territoire national, là où se trouve l'essentiel du potentiel agricole (70% des terres agricoles de valeur) et hydraulique. Sur les 238 millions d'hectares du territoire national, seuls 40 millions sont des terres pouvant porter une couverture végétale ou permettre des cultures. La surface agricole utile (SAU) ne totalise que 7,5 à 8 millions d'hectares. A cette rareté s'ajoute la progression du béton qui ne cesse de ronger dangereusement les terres fertiles. Selon les statistiques du CNES, sous l'effet de cette même progression du béton, la surface utile agricole, qui était de l'ordre de 0,20 ha par habitant en 2000, n'en représentera que 0,19 ha en 2010 et 0,17 ha en 2020. Et de se demander, ce faisant, si les plaines de la Mitidja pourraient dans ce cas supporter des densités de plus de 1000 personnes au km2 bien avant 2025. A ce rythme, note-t-on, quelque 20 000 à 25 000 ha risquent d'être sacrifiés dans l'anarchie durant les 20 prochaines années, dans une région qui compte les périmètres irrigués les plus performants du pays. Quant au foncier industriel, la surface susceptible de recevoir les investissements aujourd'hui ne dépasse pas, souligne le rapport, 0,5% du territoire national. Enfin, « le marché foncier, a-t-il noté, est mal connu en Algérie avec des prix de cession du domaine public qui procèdent le plus souvent de mesures accomodantes et de transactions privées qui gardent un caractère confidentiel ».