Les échanges internationaux de gaz, qui représentent 30% de l'offre mondiale, baissent fortement en raison du repli des importations en Europe. "Pour la troisième année consécutive, la croissance de la demande gazière ralentit." C'est, du moins, ce que relève IFP Energies nouvelles, un organisme français de recherche, d'innovation et de formation dans les domaines de l'énergie, du transport et de l'environnement, dans son panorama 2015, sur "les tendances à court terme de l'industrie gazière". Armelle Le Carpentier indique que l'année 2014 est marquée par une plus faible activité globale de l'industrie gazière à tous les stades de la chaîne. Ceci s'explique par une concurrence accrue entre les énergies (charbon, renouvelables), le ralentissement économique et les conditions climatiques clémentes qui ont freiné l'expansion de la demande gazière (Europe, Asie) et conduit à des niveaux de stocks élevés. Ces développements ont pesé à la baisse sur les prix de marché et ont modifié les flux d'arbitrage interrégionaux. "L'expansion gazière avait déjà montré ses limites en 2012 avant de connaître un net ralentissement en 2013, qui semble se confirmer pour l'année 2014", constate IFP Energies nouvelles. Le document indique que les échanges internationaux de gaz, qui représentent 30% de l'offre mondiale, baissent fortement en raison du repli des importations en Europe, cette région étant la principale zone d'échanges par gazoducs. Armelle Le Carpentier évoque une chute d'environ 4% des échanges internationaux par gazoducs en 2014. Elle relève notamment la diminution très marquée des exportations de la Russie vers l'Europe (- 7%), de l'Algérie vers l'Italie (- 40%), et, dans une moindre mesure, de la Norvège vers l'UE (- 4%). Les échanges par méthaniers sont, aussi, limités par une faible demande gazière globale, note l'IFP Energies nouvelles. Du côté de l'offre, l'Afrique du Nord, et dans une moindre mesure le Moyen-Orient, ont vu leurs exportations diminuer. En Europe, les importations nettes de GNL sont en chute libre depuis quatre ans. Depuis trois ans, la part du GNL dans l'approvisionnement européen est passée de 15% à environ 8%. Pour l'IFP Energies nouvelles, la demande gazière mondiale restera impactée par la concurrence d'un charbon très compétitif (Asie, Europe continentale) et une croissance économique toujours au ralenti dans un certain nombre de pays. Par ailleurs, les énergies renouvelables resteront des énergies concurrentes majeures du gaz. "Les anticipations actuelles tablent donc sur des niveaux toujours modérés des prix moyens en Europe et en Asie en 2015, qui sont même prévus à la baisse dans le cas d'un scénario bas du prix du pétrole à 70 dollars le baril", anticipe l'IFP Energies nouvelles. En 2014, le prix moyen du gaz en Europe a fortement diminué sous l'effet conjoint de la baisse du prix du Brent et du prix spot. Le panorama relève que les réserves gazières prouvées restent très concentrées dans deux régions qui présentent, par ailleurs, une instabilité sur le plan économique et géopolitique : le Moyen-Orient (40%) et la Communauté des Etats indépendants, CEI (33%). Les pays de l'Opep détiennent 47% des réserves mondiales, mais ne représentent que 19% de la production. Au niveau national, trois pays possèdent, à eux seuls, plus de la moitié du volume global, à savoir la Russie (25%), l'Iran (17%) et le Qatar (12%). M. R.