Une gigantesque et périlleuse opération de recherche a repris, hier, pour récupérer en pleine montagne les restes des 150 victimes de l'accident d'un Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings, qui s'est écrasé, mardi, dans les Alpes françaises pour des raisons inexpliquées. L'équipage n'a pas émis d'appel de détresse tout au long de la chute de l'appareil qui a duré huit minutes, selon Germanwings. Le pilote avait "plus de dix ans" d'expérience et "plus de 6 000 heures de vol", selon la compagnie. L'avion, qui avait 25 ans d'âge, a subi une grosse révision à l'été 2013. Les causes de l'accident restent inconnues. Et au stade où en est l'enquête, aucune piste n'est à écarter, y compris même l'hypothèse terroriste comme l'a affirmé le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. "Toutes les hypothèses doivent être regardées de près aussi longtemps que l'enquête n'a pas donné ses résultats." Pour autant, les enquêteurs, qui ont récupéré une première boîte noire contenant les sons du cockpit, le CVR (Cockpit Voice Recorder), sont à la recherche de la deuxième boîte de l'appareil sur les données de vol de l'avion (FDR - Flight Data Recorder). La boîte noire enregistrant tous les sons et conversations du cockpit a été transférée au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), organisme spécialisé dans les accidents d'avions, qui devra établir les causes de la catastrophe. La descente modérée de l'avion et sa trajectoire linéaire, le conduisant directement sur les montagnes, traduisent un comportement inexplicable de l'équipage, selon des experts. L'équipage peut avoir été rendu inconscient, en raison d'une dépressurisation lente et d'un manque d'oxygène ; le pilote peut avoir été suicidaire ou obligé par un tiers à s'écraser contre la montagne. La recherche d'éventuels indices à même d'expliquer les causes de l'accident s'annonce complexe étant donné la dispersion des débris sur près de 4 hectares à flanc de montagne, dans une zone très difficile d'accès des Alpes du Sud, à 1 500 mètres d'altitude, où l'appareil s'est pulvérisé. "Les plus grands morceaux de corps que nous avons repérés ne sont pas plus grands" qu'un attaché-case, a déclaré, mardi soir, un enquêteur de la gendarmerie. Parmi les innombrables débris, aucun gros tronçon de fuselage n'a été vu. "Seul le train d'atterrissage a pu être identifié", a ajouté un de ses collègues. Selon le procureur de Marseille chargé du dossier, "dix médecins légistes et trois anthropologues" seront sur place pour l'identification des victimes à l'aide de prélèvements ADN. L'Allemagne et l'Espagne sont les pays les plus touchés en nombre de victimes par cette catastrophe aérienne, la pire en France depuis plus de 30 ans. Les victimes sont originaires d'une quinzaine de pays. Ce crash a déclenché une émotion considérable en Europe et au-delà. En Espagne, trois jours de deuil national ont été décrétés, après l'annulation mardi, par le roi Felipe VI, d'une visite d'Etat qu'il venait de débuter en France. Le président François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, étaient, hier, sur le lieu de la catastrophe, où plus de 300 gendarmes et une centaine de sapeurs-pompiers sont mobilisés. Les Etats-Unis et la Russie ont offert leur aide à la France. R. I./Agences