Le sommet annuel des chefs d'Etat arabes s'est ouvert hier à Charm el Cheikh en Egypte. La création d'une force multinationale et l'intervention militaire d'une coalition arabe au Yémen dirigée par l'Arabie Saoudite contre la rébellion chiite au Yémen sont les deux points saillants du sommet annuel des chefs d'Etat de la Ligue arabe qui s'est ouvert hier à Charm el-Cheikh en Egypte. À l'ouverture des travaux de ce sommet, le président égyptien Abdelfattah al-Sissi a réitéré le besoin de créer une force multinationale arabe pour faire face aux "menaces sans précédent" représentées par les "groupes terroristes". Mais, plus que le groupe extrémiste, c'est la crainte de voir le grand rival iranien chiite étendre son influence dans la région qui motiverait les pays arabes à entériner la création d'une force militaire conjointe, soulignent les observateurs. Cette demande survient alors qu'une coalition de dix armées arabes, dont l'Egypte, a lancé jeudi des frappes aériennes au Yémen pour stopper l'avancée des Houthis qui tentent de s'emparer de la totalité du pays. L'opération est en ce sens, perçue comme un "coup d'essai" de ce projet. L'intervention de la coalition "est un test pratique pour une force arabe unie devenue une exigence afin de protéger durablement la sécurité des Arabes", a indiqué, le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui était présent à ce sommet aux côtés du roi Salmane Ben Abdel Aziz d'Arabie Saoudite et de M. Sissi. Si les experts estiment en ce sens que l'opération au Yémen représente "un coup d'essai pour la future force arabe d'intervention rapide", il n'en demeure pas moins que les divergences de points de vue entre les 22 membres de la Ligue pourraient ralentir le processus. D'où la nécessité pour cette force d'avoir des objectifs spécifiques, ont-ils averti.Pour le président yéménite, l'intervention militaire contre les rebelles chiites houthis doit continuer jusqu'à leur "reddition". Ce que soutient également le roi saoudien Salmane Ben Abdel Aziz, dont le pays bombarde depuis jeudi les Houthis, qui avait promis que cette intervention durerait jusqu'au retour à la "sécurité" dans ce pays. À ce sommet était présents également l'émir du Koweït, les rois de Jordanie et du Bahreïn, les présidents de la Tunisie et de l'Autorité palestinienne, le chef du Parlement libyen reconnu par la communauté internationale, ainsi que le secrétaire général de l'ONU. Ban Ki-moon a, pour sa part, appelé hier à une résolution "pacifique du conflit au Yémen". "J'ai le fervent espoir qu'à ce sommet de la Ligue arabe, les dirigeants vont définir des lignes directrices claires pour résoudre de manière pacifique la crise au Yémen", a affirmé M. Ban à la tribune du Sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh, en Egypte. Même si le conflit israélo-palestinien et la progression de l'EI étaient également au menu, le point focal des débats aura été indéniablement la création d'une force multinationale arabe, dont le besoin avait été qualifié de "pressant" par la Ligue. Les chefs d'Etat devraient d'ailleurs adopter un projet de résolution égyptien déjà approuvé par les chefs de diplomatie arabes jeudi durant une réunion de préparation. Le texte indique que la force, regroupant des troupes des Etats membres, sera chargée de mener "des interventions militaires rapides" pour parer aux menaces sécuritaires pesant sur les pays arabes. Amar R.