L'adhésion de la Palestine au Traité de Rome, qui a permis de créer la Cour pénale internationale (CPI) en 2002, constitue un pas important pour les Palestiniens, déterminés à reconquérir leurs droits, bafoués par Israël. Tel-Aviv refuse d'adhérer à la CPI et ne compte pas épargner au peuple palestinien de nouvelles souffrances, au mépris des lois internationales. La Palestine a fait officiellement, hier, son entrée à la Cour pénale internationale (CPI). Elle devient ainsi le 123e membre de cette juridiction internationale, à l'issue d'une âpre lutte diplomatique au sein de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui a commencé en 2014. Soutenue par de nombreux pays, l'admission de la Palestine à la CPI a pour objectif la levée de l'impunité d'Israël, dont certains dirigeants civils et militaires pourraient être poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Soulignant que "seule la justice peut mener à la paix", le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad al-Maliki, a affirmé au siège de la Cour à La Haye que "la Palestine recherche la justice, pas la vengeance". Le négociateur palestinien, Saëb Erakat, a affirmé, pour sa part, que "la Palestine emploie et continuera à employer tous les moyens légitimes à sa disposition pour se défendre contre la colonisation israélienne et les autres violations du droit international", en marge de la cérémonie d'adhésion qui s'est déroulée à huis clos au siège de la Cour. Le président palestinien, Mahmoud abbas, a déjà déposé, en janvier, des documents qui permettraient à la CPI d'enquêter sur les crimes commis par l'armée israélienne et le gouvernement de Tel-Aviv, aussi bien dans les territoires occupés (Cisjordanie et El-Qods-est) que lors de l'agression militaire contre la bande de Gaza en juillet-août 2014. Le refus d'Israël d'adhérer à la CPI n'empêchera pas la condamnation de ses dirigeants impliqués dans cette guerre d'agression qui a fait 2 200 morts en près de deux mois de bombardements contre l'enclave de Gaza. Un collectif d'avocat s'apprête, lui aussi, à introduire plusieurs plaintes émanant des Palestiniens contre Israël. Une trentaine de dossiers, relatifs à des crimes de guerre et crimes contre l'humanité, lors de l'opération israélienne "Bordure protectrice", seront déposés par ce collectif au niveau du bureau du procureur de la CPI, Fatou Bensouda, ont indiqué des sources proches de Ramallah. La réaction d'Israël ne s'est pas fait attendre, suite à l'entrée formelle de la Palestine à la CPI. Tel-Aviv a gelé plus de 100 millions de dollars en taxes récoltées, tous les mois, au profit du gouvernement palestinien. Le gouvernement du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a relancé, en signe de représailles, une dizaine de projets de création de nouvelles colonies en territoires palestiniens. À la veille de sa réélection, M. Netanyahu a enterré l'idée de deux Etats, comme il est fortement défendu par la communauté internationale, dans le cadre d'un processus de paix israélo-palestinien, devenu obsolète. Parallèlement à la réaction de Tel-Aviv, 26 Amércains ont annoncé leur intention, mardi, de déposer une plainte au Etats-Unis contre le Hamas palestinien qu'ils accusent de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Ce qui est une totale absurdité, estiment les Palestiniens, qui affirment toutefois qu'ils sont prêts à répondre à la justice en cas de faits avérés. "Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ne devrait pas avoir peur (...). Si Israël a des plaintes (contre les Palestiniens, ndlr), il devrait les présenter à la CPI", a déclaré hier le chef de la diplomatie palestinien qui a appelé Israël à adhérer à la CPI. Pour rappel, le dossier d'intégration de la Palestine à la CPI a été déposé le 2 janvier 2015. La décision du président palestinien, Mahmoud Abbas, a été prise après avoir vainement tenté de faire voter à l'ONU une résolution exigeant la fin de l'occupation israélienne d'El-Qods-Est (Jérusalem-Est) et de la Cisjordanie. L. M.