Une cérémonie à huis clos a été organisée au siège de Cour pénale internationale (CPI) à La Haye à l'occasion de l'adhésion de la Palestine à cette instance. Cela permettra aux Palestiniens de poursuivre, pour la première fois, devant cette instance juridique internationale, des dirigeants israéliens pour crimes de guerre commis contre leur peuple. Fatiguée par des années de négociations directes infructueuses avec l'Etat hébreu, depuis la conclusion des Accords d'Oslo en 1993, la direction palestinienne, dont le président Mahmoud Abbas en tête, a décidé de changer de stratégie de négociations avec Israël sous le parrainage des Etats-Unis, l'allié fidèle de l'Etat hébreu. Devant l'intransigeance de leurs ennemis de toujours, les Palestiniens ont décidé de se diriger vers les instances internationales, capables, en théorie au moins, de leur restituer leurs droits inaliénables, dont la création d'un Etat indépendant sur l'ensemble des terres palestiniennes occupées en 1967, y compris la ville sainte d'El Qods (Jérusalem-Est), occupée et annexée par Israël la même année. La direction palestinienne avait déposé une demande d'adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre d'une offensive diplomatique ayant pour but de faire prévaloir les droits des Palestiniens par le biais du Conseil de sécurité de l'ONU et la CPI. La CPI, un moyen de pression sur Israël La direction palestinienne a décidé de s'adresser à la CPI, comme dernier recours, après un rejet par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 30 décembre 2014, d'une résolution appelant à la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et la création d'un Etat palestinien viable et indépendant. Selon des déclarations précédentes de responsables palestiniens, la Palestine compte déposer deux plaintes au niveau de ce tribunal. La première concernant les activités de colonisation israélienne dans les territoires occupés, et la seconde pour faire juger les dirigeants israéliens pour des crimes de guerre commis cet été par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza, où près de 2200 Palestiniens ont été tués et près de 12 000 autres blessés, dont la grande majorité sont des civils. L'adhésion de la Palestine a mis dans l'embarras Israël, qui a essayé de faire reculer la direction palestinienne en tentant une asphyxie financière de l'Autorité palestinienne, par le gel des taxes qu'il a prélevées sur les marchandises destinées au marché palestinien, transitant par ses ports et aéroports. Cet argent, à 100% palestinien, constitue une part importante du budget de l'Autorité palestinienne qui, pour le 4e mois consécutif, ne peut verser la totalité des salaires de ses employés. Une décision prise, la semaine passée, par Benjamin Netanyahu de débloquer cet argent n'a toujours pas été exécutée. L'ensemble des Palestiniens, factions et citoyens, est pour l'adhésion à la CPI. Mustapha El Barghouti, secrétaire général de l'Initiative palestinienne, a déclaré à El Watan : «L'adhésion de la Palestine à la CPI lèvera toute immunité d'Israël devant le droit international, une immunité immorale qui dure depuis 67 ans, depuis la création de l'Etat d'Israël en Palestine.» Bien que l'Etat hébreu n'est pas membre de la Cour pénale internationale au même titre que son premier allié, les Etats-Unis, cette instance juridique est capable de juger ses dirigeants pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. C'est donc un instrument redoutable aux mains des Palestiniens, à condition de bien savoir s'en servir. Il ne faut surtout pas qu'il se transforme en un poisson d'avril !