La pression exercée sur le MNLA, le MAA, le HCUA et la CPA pour signer l'accord de paix final le 15 mai prochain risque de pousser à la radicalisation des mouvements du Nord-Mali, déterminés à arracher un statut politique et juridique particulier pour ce qu'ils appellent l'Azawad. La médiation internationale a provoqué un sérieux remue-ménage au sein de la Coordination des mouvements de l'Azawad, après son annonce de faire signer l'accord de paix final au Mali, le 15 mai prochain. Entérinée par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et les autres membres de la médiation internationale, au lendemain de l'échec de la rencontre avec la CMA, qui s'est déroulée du 15 au 18 avril à Alger, cette décision a provoqué un séisme politique dans le Nord-Mali, où les partisans de la CMA ont dénoncé un coup de force et un parti pris flagrant. D'autre part, les militants "azawadiens" ont réitéré leur refus, à travers les réseaux sociaux et les commentaires dans les sites d'informations en ligne, de céder à ce qu'ils considèrent comme du "chantage" de la part de la médiation internationale. Aussi, les membres de la CMA ont déjà affirmé, à maintes reprises, que les menaces n'apporteront rien au dialogue, mais elles risquent de radicaliser les mouvements du Nord-Mali qui sont, toutefois, inquiets de la tournure qu'ont pris les évènements ces deux derniers jours. Un retour à la case départ n'est donc pas écarté. Mais il faudra attendre encore deux semaines, pour savoir quelle direction prendront les membres de la CMA qui annoncent une réunion à la fin du mois à Nouakchott, en Mauritanie, si on se fie à la déclaration d'Abdallah Ag Attaye, joint par courrier électronique. "La CMA, composée du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), HCUA, MAA, et CPA va se réunir le 30 avril à Ouagadougou, avec ses cadres et chefs des tribus pour prendre sa décision finale", a indiqué le porte-parole de la Coalition du peuple de l'Azawad. Abdallah Ag Attaye n'a fourni aucun autre détail sur cette rencontre, alors que la délégation des mouvements de l'Azawad s'apprêtait hier à quitter Alger à destination de la capitale mauritanienne. Un autre membre de la CMA, Mohamed Ag Aharib, a confirmé par téléphone cette information mais sans avancer toutefois de date précise. "Une réunion va se tenir inévitablement pour décider de la réponse à apporter à l'annonce, par la médiation internationale, de la signature de l'accord de paix final le 15 avril. Mais j'ignore encore quand et où nous allons nous réunir pour débattre et prendre notre décision", a déclaré Ag Aharib, porte-parole du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). Cet ancien porte-parole du mouvement islamiste Ansar Eddine, classé comme organisation terroriste, a affirmé aussi qu'il ne pouvait pas se prononcer sur un éventuel refus ou non de la CMA de signer l'accord final. Ce n'est pas l'avis de Mohamed El-Maouloud Ramadane, chargé de communication de la CMA et porte-parole du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), qui a opposé un niet catégorique à l'éventuelle signature de l'accord final par les mouvements de l'Azawad, annoncée pour le 15 mai. Tout en refusant de commenter cette annonce, Mohamed El-Maouloud Ramadane a dit : "Comment on va signer ?", alors que les recommandations remises par la CMA, le 17 mars dernier, à la délégation de la Minusma à Kidal, n'ont pas été prises en compte par la médiation internationale. Ces prises de position annoncent des discussions houleuses, lors de la prochaine réunion de concertation de la CMA à Nouakchott, dont le pays a profité de l'affaiblissement politique du Burkina Faso, pour s'offrir une place de ce dialogue inter-malien. L. M.