Comment interpréter la déclaration du chef de la diplomatie algérienne, hier, à propos de la signature de l'accord de paix et de réconciliation au Mali ? Alors que l'opinion internationale attend l'adhésion de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), Ramtane Lamamra annonce que l'accord, paraphé à Alger le 1er mars dernier, sera signé le 15 mai prochain à Bamako, alors qu'une première date avait déjà été annoncée pour le 15 avril à Alger. Il précisera que «cette signature se fera avec le soutien de la communauté internationale et la participation de tous les acteurs maliens», sans évoquer le cas de la CMA qui, jusqu'à dernière information, refuse toujours de signer l'accord. Samedi, et dans un communiqué rendu public dans la capitale algérienne, la médiation internationale au dialogue malien, conduite par l'Algérie, a invité toutes les parties à signer l'accord de paix et de réconciliation. La médiation avancera même des garanties sur «la mise en œuvre de l'accord, effective et complète, selon des modalités et un calendrier d'application». Alors, que s'est-il passé, en moins de 24 heures, entre l'invitation, voire la prière, de la médiation et l'annonce pleine d'assurance du ministre algérien des Affaires étrangères ? Alger a-t-elle reçu des certitudes des mouvements du Nord Mali d'être au rendez-vous, le 15 mai à Bamako ? La CMA a-t-elle eu gain de cause concernant certains amendements ? Ramtane Lamamra a-t-il réussi à convaincre la délégation de la CMA présente, dernièrement, à Alger, à l'invitation de l'Algérie ? Rien n'est moins sûr d'autant plus que des informations non vérifiables ont circulé sur l'issue négative de cette rencontre. Rappelons qu'un communiqué de la Coordination, rédigé à Nouakchott, le 14 avril 2015, et signé par Mohamed Elmaouloud Ramadane, le porte-parole du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), a précisé que la délégation conduite par Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire Général du MAA, se déplacerait à Alger pour expliquer, «de vive voix» la position de la CMA. Cette dernière, qui regroupe essentiellement le MAA, la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA), le MNLA et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), désirait également, à travers cette visite, «exposer aux acteurs de la médiation internationale les raisons qui ne lui permettent pas de parapher le document proposé à sa signature le 1er mars, ainsi que les réserves pertinentes remises à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal». Des amendements «qui constituent l'essentiel des revendications de l'Azawad» remis à la mission internationale qui s'était déplacée à Kidal, dans le nord du Mali, pour convaincre la CMA de signer le projet d'accord. La médiation avait essuyé un non catégorique de la Coordination qui fait de l'autonomie de l'Azawad une condition sine qua non pour parapher l'accord de paix. Dans un précédent communiqué de presse rédigé dans la capitale mauritanienne, le 10 avril dernier, et signé par Mossa Ag Attaher, le porte-parole du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA), la CMA avait tenu à informer l'opinion nationale et internationale qu'elle ne pourra pas parapher l'accord en question «dans son état actuel et à la date indiquée», le 15 avril à Alger. La CMA avait réaffirmé, alors «son engagement à poursuivre le dialogue». Pour rappel, l'accord a été paraphé, à Alger, par Bamako et certains mouvements politico-militaires du nord engagés dans la plateforme d'Alger, sous la supervision d'une médiation internationale. Pourtant, et dès le départ, la CMA a refusé de le cautionner en demandant du temps pour l'expliquer à ses militants réfractaires. Sur le terrain, à Kidal, à Ber ou à Ménéka, les pro-Azawad avaient souligné les limites du texte qui n'intègre ni l'autonomie ni le fédéralisme dans le projet d'accord de paix.