"Malheureusement, après seize ans de règne, le premier magistrat du pays n'a pas tenu ses promesses et aurait signé la mise à mort de ce secteur, poussant nombre d'opérateurs à mettre la clé sous le paillasson et tirer le diable par la queue", souffle un membre de l'AAVT. Cinq ans après la fermeture des sites touristiques de la wilaya de Tamanrasset, en l'occurrence le Tassili du Hoggar, Mertoutek et Tefedest, les tour-opérateurs de l'Ahaggar, très aigris et vivement éprouvés, assistent impuissants à la déchéance d'un secteur qui faisait vivre plus de 5000 âmes. L'AAVT (Association des agences de voyages de la wilaya) a de nouveau sonné le tocsin face au marasme qui frappe la capitale du tourisme saharien et sollicite, sous le sceau de l'urgence, l'intervention les hautes autorités de pays pour sauver ce secteur, déjà agonisant, d'une mort certaine. Les opérateurs qui se déclarent sinistrés lancent leur énième appel de détresse et espèrent "un minimum de considération et de soutien" pour pouvoir relancer ce créneau d'activité et redonner un nouveau souffle à l'économie locale. "Notre désespoir a atteint son paroxysme. Les doléances que nous avions adressées aux responsables aussi bien locaux que nationaux n'ont eu aucun écho", regrette Benabdelkrim Abdelkrim, membre de l'AAVT, également président du bureau local du Syndicat national des agences de voyages. Notre interlocuteur se rappelle bien de la déclaration faite par le président de la République lors de sa première visite dans la wilaya, où il avait évoqué le tourisme comme palliatif inéluctable au pétrole et avait exhorté à œuvrer pour sa relance et son développement. "Malheureusement, après seize ans de règne, le premier magistrat du pays n'a pas tenu ses promesses et aurait signé la mise à mort de ce secteur, poussant nombre d'opérateurs à mettre la clé sous la porte et tirer le diable par la queue", souffle un autre membre de l'AAVT, non sans faire remarquer que les agences rescapées de ce sinistre ne doivent leur survie qu'à la liquidation de leur matériel professionnel. "Les plus nantis se sont, l'âme meurtrie, investis dans d'autres secteurs. Contrairement aux moins entreprenants qui, ne sachant faire autre chose de lucratif en dehors de cette activité pour laquelle ils se sont consacrés corps et âme, sont condamnés à vivre les plus rudes et miséreux moments de leur vie", a-t-il ajouté. Abondant dans le même sens, Mouloud Aouerzig, ancien guide et responsable d'une agence touristique, est revenu sur l'impact du marasme touristique sur les autres secteurs d'activité tels que le commerce, l'artisanat et l'agriculture. Il a également chargé la ministre du Tourisme pour l'indifférence qu'elle aurait manifestée à l'endroit des acteurs du tourisme saharien depuis sa nomination au gouvernement. M. Aouerzig considère que "l'alibi sécuritaire n'est plus fiable. L'état, qui ne veut vraisemblablement pas divorcer avec la rente pétrolière, n'a affiché aucune volonté en faveur de la relance touristique en dépit du riche potentiel dont jouit notre région. Pourtant, c'est un secteur qui ne nécessite pas de gros investissements. Il suffit de prendre des décisions courageuses en concertation avec les véritables acteurs pour sortir de l'ornière et redonner espoir à des centaines de personnes qui ont sacrifié leur plus fort âge pour que Tamanrasset ait une réputation touristique de renommée internationale". Bassoudi Nadjem, membre de l'AAVT, est du même avis. "Mais il faut d'abord nettoyer le secteur de certains opportunistes qui se sucrent sur le dos des agences de voyages en difficulté", a-t-il suggéré, en citant l'exemple du marché passé récemment sous la table au profit de l'ancien président du Snav. L'accord, conclu de gré à gré en excluant les 65 agences locales agréées, porte, rappelons-le, sur l'organisation d'un voyage collectif au profit de 1428 personnes. Ces dernières, une fois arrivées à Tamanrasset, seraient "livrées à elles-mêmes en l'absence de la prise en charge convenue", s'indigne M. Bassoudi. R. K.