Depuis 2010, année de l'interdiction du Tassili du Hoggar aux touristes étrangers, le tourisme saharien a connu une succession de crises. Les responsables du secteur se targuent d'avancer des chiffres faramineux pour tromper l'opinion publique, d'une part, et pour dissimuler l'échec des dispositifs mis en place pour sauver un secteur en pleine agonie, d'autre part. Les tour-opérateurs de la capitale de l'Ahaggar en ont ras-le-bol du mutisme des autorités compétentes quant au marasme et au sinistre que subit le secteur depuis ces quatre dernières années et rappellent désespérément que bon nombre de responsables d'agences touristiques ont, après avoir fait banqueroute, mis la clé sous le paillasson. Il est vrai que la dégradation de la situation sécuritaire à nos frontières, depuis le début de la crise malienne, a sérieusement compromis le secteur touristique à Tamanrasset. Toutefois, l'alibi sécuritaire n'est plus de mise et le marasme de l'activité touristique est plutôt dû aux traditions bureaucratiques imposées par l'administration, notamment en ce qui concerne les demandes de visa et l'interdiction inexpliquée des sites aux touristes, tant étrangers que nationaux. En effet, et comme bon lui semble, "le gouvernement fait des siennes en pleine saison touristique et empêtre les touristes dans des formalités inextricables avant de les mêler dans des problèmes insupportables pour les dissuader vraisemblablement de la destination Algérie", regrette le président de l'Association des agences de voyages de la wilaya, Ahmed Hamdaoui, citant l'exemple de l'agence touristique Touareg qui a rencontré d'énormes difficultés dans la prise en charge de huit touristes allemands accueillis en novembre dernier. "Le chef de l'agence en question a été contraint de cloîtrer les touristes dans le camping pendant quelques jours avant d'avoir le précieux aval des autorités locales pour leur faire visiter la boucle d'Assekrem avec une escorte de la gendarmerie. Sincèrement je ne vois pas comment faire du tourisme dans pareilles conditions, à cause desquelles de nombreux touristes étrangers ont renoncé à leur voyage vers notre pays pour d'autres destinations beaucoup moins attractives. Les responsables du secteur nous ont menti et nous avons malheureusement fait de même avec les agences de la wilaya sans que nous nous rendions compte", maugrée M. Hamdaoui. Hormis les six agences qui ont pu maintenir un semblant d'activité en accueillant sporadiquement quelques touristes, 70 autres agences, dans la wilaya de Tamanrasset, ont renoué avec l'hydre du chômage, et ce, depuis le cuisinier jusqu'au guide, en passant par les chauffeurs et les chameliers. "Avec l'ex-ministre du Tourisme, Mohamed-Lamine Hadj Saïd, on avait senti une réelle volonté à même de redonner un nouveau souffle à ce secteur d'activité. En effet, beaucoup de mesures ont été prises alors en associant les véritables acteurs du tourisme saharien. Ceux-ci ont été invités à plusieurs assises et rencontres afin de débattre des problèmes qui les guettent et d'essayer de trouver les solutions idoines, notamment en ce qui concerne la création du fonds destiné au financement des agences en difficulté et l'effacement des dettes fiscales et parafiscales cumulées depuis plusieurs exercices, et dont le montant dépasse les 2 milliards de centimes", témoigne notre interlocuteur. Aujourd'hui, plus de 5 000 personnes vivant de cette activité ont tiré le diable par la queue. La capitale du tourisme saharien attend, comme à chaque fin d'année, les fêtes occasionnelles pour sortir de sa torpeur et de son hibernation. Les opérateurs en tourisme sont persuadés d'investir dans d'autres créneaux plus juteux que de rester à la merci d'"un législateur ingrat" qui n'a fait que compliquer la situation des agences actives en promulguant une loi portant limitation de la validité des agréments accordés aux agences de voyages tous les 3 ans, sous condition de renouvellement uniquement si elles travaillent en permanence. Un paradoxe à n'y rien comprendre. Nous nous sommes rapprochés de la Direction du tourisme et de l'artisanat pour plus d'information, mais personne n'a été disposé à nous recevoir, le directeur étant "absent". Ce dernier était injoignable même par téléphone. R. K.