Le ministère de l'Intérieur marocain a annoncé, hier, des poursuites judiciaires contre le quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum, jugeant erroné et attentatoire "à la réputation du Maroc" un article relatif au nombre de migrants morts depuis une décennie sur les rivages du royaume. En une de son édition de mardi, le journal arabophone publie un article selon lequel "3 200 migrants se sont noyés sur les côtes marocaines" entre 2000 et 2013, relève un communiqué du ministère, cité par l'agence MAP. Selon la même source, cet article, qui fait suite aux récents drames survenus au large de l'Italie, qualifie la Méditerranée de "plus grand cimetière des victimes de l'émigration clandestine au monde". Dans son communiqué, le ministère de l'Intérieur "réfute catégoriquement (ces) informations", évoque un article "infondé" et affirme "que son auteur cherche à porter atteinte à la réputation du Maroc et à sous-estimer (...) les efforts déployés par les autorités publiques, reconnus par la communauté internationale". Compte tenu de "la gravité des informations", le ministère de l'Intérieur "va engager une action en justice contre ce journal, conformément à la loi", est-il indiqué. Interrogé par le site de l'hebdomadaire Tel Quel, le directeur de la publication de Akhbar al-Yaoum, Taoufik Bouachrine, affirme, de son côté, que "les informations figurant dans cet article se basent sur des rapports de l'ONU et de l'Union européenne". Le "procédé" du ministère de l'Intérieur "nuit à la liberté de la presse et au droit à l'information du public", ajoute-t-il, cité par la même source. M. Bouachrine a déjà fait l'objet de poursuites par le passé. En 2009, il avait été condamné, au même titre que le caricaturiste Khalid Gueddar, à quatre ans de prison avec sursis et à des dommages et intérêts pour la publication d'une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale ainsi que du drapeau national.