Mohamed Kaci Saïd fut l'un des meilleurs joueurs de son époque au Mondial mexicain de 1986 ; il a été sacré meilleur athlète de l'équipe nationale ; aujourd'hui, il a un autre regard sur le football, estimant qu'il y a une nette régression au niveau du travail des clubs par rapport aux années 1980. "Tout d'abord, notre championnat est d'un niveau moyen, pour ne pas dire faible. Pourquoi ? Pour la simple raison que les joueurs ne sont pas bien préparés pour réaliser de grandes performances sur le terrain ; le problème se situe au niveau des catégories jeunes, elles sont complètement délaissées ! Figurez-vous que les jeunes joueurs ne jouent que 14 matches par saison ; dès le mois de mars, ils sont libres, comment voulez-vous dans ce cas-là qu'ils aient une formation de base solide comme cela se faisait à notre époque ? Il faut revoir la politique des jeunes. Durant ma formation au RCK, on avait l'entraîneur Makri en seniors, et le Roumain Mendru qui était chargé de superviser les jeunes catégories pour les orienter par la suite avec les entraîneurs algériens qui étaient animés d'une réelle volonté d'apprendre le métier aux côtés des entraîneurs venus de l'Europe de l'Est", analyse-t-il. Et d'ajouter : "L'Algérie était, comme on dit, à la page ; les entraîneurs venus de l'ex-URSS et autres pays de l'Est étaient en avance par rapport à leurs collègues de l'Ouest ; on a beaucoup profité de leur savoir-faire ; ce n'est pas par hasard que le football algérien était à son summum durant ces années-là. C'était en fait le fruit d'un travail de fond effectué par des entraîneurs très méthodiques, qui ont assuré une préparation digne des grandes nations du football." "La formation de nos joueurs est incomplète. Il faut dire aussi que, de nos jours, la mentalité des joueurs a complètement changé, la plupart d'entre eux ne travaillent pas assez pour améliorer leur niveau technique et physique. Si je pends le cas de ma physiologie, elle est innée, mais je l'ai améliorée par le travail sans relâche. Vous pensez que les chevauchées de Chaâbane Merzekane au Mondial de 1982, c'est du hasard ? Jamais de la vie ! C'est le fruit d'un dur travail très sérieux effectué sous la coupe de grands entraîneurs. Il faut réhabiliter au plus vite le vrai travail de base chez les jeunes catégories. Je profite de cette opportunité pour lancer un appel aux présidents de ligues pour leur dire de s'occuper un peu des jeunes catégories, qui sont l'avenir de notre football ; le bricolage a assez duré, il est temps que les techniciens s'impliquent pour sauver la face", nous explique le porteur d'eau des Verts au Mondial 86. R. A.