Tout le long du pont de Taboudrist, il était difficile de se frayer un chemin, hier, parmi ces centaines de personnes venues suivre de près l'opération de recherche des corps de Tounsi Sofiane, Alim Si Toufik et Guemouri Nassim, les trois occupants du véhicule qui a chuté vendredi dernier dans les eaux du barrage Taksebt, à une quinzaine de kilomètres à l'est de la ville de Tizi Ouzou. Sous un soleil de plomb et une humidité qui ne semblaient guère les affecter, les proches des victimes, les habitants de Béni Zmenzer, d'où sont originaires les victimes, et des curieux de passage ou venus des villages voisins sont restés toute la journée agglutinés à la barrière de sécurité longeant ce viaduc d'environ 400 mètres. Les regards rivés vers l'eau, ils attendent péniblement, et leur attente est déjà longue, même trop longue... près de 48 heures déjà. 48 heures de choc et de tristesse. Dans tous les coins, les palabres vont bon train. Qui pour évoquer le triste sort de Sofiane, Si Toufik et Nassim, âgés entre 23 et 27 ans, et originaires du village Ighil Lmal, pour le premier, et d'Aït Anane pour les deux autres, qui encore pour critiquer la lenteur des interventions due au manque de moyens matériels et humains nécessaires à ce genre d'opération dans la wilaya de Tizi Ouzou. "Après avoir assisté à un enterrement au village et que le conducteur terminait sa prière du vendredi, les trois amis se sont adonnés à une balade sur la route des Ouadhias", témoigne un proche d'une des victimes. Au milieu du long viaduc qui traverse une partie du barrage Taksebt, la barrière métallique et la glissière de sécurité portent encore les traces de la chute du véhicule. Elles sont arrachées sur une longueur d'environ quatre à cinq mètres. Le niveau de l'eau se trouve à une vingtaine de mètres sous le pont. La profondeur de l'eau dépasse les 70 mètres. "Rien que de regarder vers le bas, ça donne le vertige. À imaginer la chute du véhicule, ça donne des frissons dans le dos", commente un jeune tout en souhaitant aux familles des victimes d'avoir suffisamment de courage pour supporter un tel drame. La grande angoisse des proches ! Des deux côtés du pont, des gendarmes, qui tentent de réguler la circulation, sont souvent dépassés. À notre arrivée, les recherches étaient suspendues. "Nous attendons l'arrivée d'une équipe spécialisée qui devra venir d'Oran", nous explique un agent de la Protection civile. L'équipe en question est devancée par le directeur général de la Protection civile, Mustapha Lahbiri, qui tenait à superviser lui-même la nouvelle opération de recherche qui devait reprendre d'un moment à l'autre. "Nous avons des plongeurs professionnels qui descendent jusqu'à 50 et 60 mètres, et nous avons même fait venir des spécialistes. Il y a une équipe qui vient d'Oran équipée de tout le matériel nécessaire. Donnez-nous juste un peu de temps. L'opération est un peu difficile, surtout pour accrocher le véhicule et le remonter, mais les choses se feront", nous déclare le patron de la Protection civile avant d'embarquer sur un zodiaque pour superviser de plus près l'opération. À 15h30, l'équipe de spécialistes qui polarisait toutes les discussions depuis la matinée, arrive enfin à bord de deux zodiaques de la Protection civile. L'opération venait à peine d'être entamée qu'un premier corps est repêché par ces spécialistes d'une société privée de plongée sous-marine qui a consenti bénévolement à prendre part à cette opération de repêchage. Selon la Protection civile, le corps repêché est celui de Younsi Sofiane, un jeune handicapé de 23 ans. Il a été immédiatement transporté, sous les larmes de ces proches, vers la morgue du CHU de Tizi Ouzou. En fin d'après-midi, les opérations se poursuivaient toujours pour repêcher les deux autres corps. S.L.