Hier, la commune d'Ath Zmenzer était paralysée par un mouvement de solidarité de la population aux familles des trois victimes de l'accident de la circulation qui a eu lieu vendredi dernier sur le pont Taboudrist qui enjambe le barrage Taksebt. Les commerces et les services publics ont baissé rideau alors que les lycéens ont quitté l'établissement limitrophe du domicile des Younsi, pour soutenir la famille. Lundi, dans la soirée, l'information de la découverte et le retrait des corps de Guemouri Nassim (26 ans) et Alim Toufik (23 ans) du barrage a provoqué un sentiment de soulagement chez les habitants de la commune, épuisés par quatre jours d'attente. La première victime, Sofiane Younsi, a été inhumée hier à la mi-journée dans son village, Ighil Lmal. La disparition de ce jeune handicapé, très apprécié par la population et connu aussi dans les rues de Tizi Ouzou, a jeté un profond émoi. Après le choc qui a suivi l'accident, un sentiment d'indignation a gagné la population. Un commerçant exprime sa colère : «Notre action de soutien d'aujourd'hui va naturellement en direction des familles des victimes. Mais, aussi, c'est un acte pour crier notre douleur et notre colère devant l'incapacité des pouvoirs publics à mettre les moyens pour repêcher des corps à 70 m de profondeur. Est-il imaginable d'attendre des renforts d'Oran ou de l'étranger»? Les questions sont pertinentes. Pourquoi la wilaya de Tizi Ouzou ne disposerait-elle pas de ces moyens de plongée ? Les 400 m du viaduc sont utilisés par des milliers d'usagers ; les bus, des camions de gros tonnage et des véhicules particuliers. Un chauffard peut provoquer la chute d'un bus et dans ce cas, combien de temps faudrait-il attendre pour retirer 50 corps ? Ces prévisions macabres devraient inciter les autorités à mettre les moyens humains et matériels au lieu de se justifier, comme l'a fait un cadre du ministère de l'Intérieur lundi soir. L'enterrement de Guemouri Nassim et de Alim Toufik est prévu aujourd'hui dans leur village, Aït Anane.