La guerre en Libye n'est pas seulement une affaire de milices et de partis politiques idéologiquement opposés. Il s'agit aussi d'une guerre d'influence de forces extérieures qui ont inscrit, dans leur agenda, d'autres objectifs que ceux recherchés par le peuple libyen et les partisans de la paix au sein de l'ONU. Le Caire a mobilisé, depuis quelques jours, un nombre important de ses troupes armées, en prévision d'une opération militaire à sa frontière avec la Libye, a révélé International Business Times, un journal en ligne. La même source a ajouté que l'Egypte envisagerait aussi de mener des raids aériens contre les positions de l'Etat islamique et d'autres groupes islamistes armés, fortement présents dans l'Est libyen. Des troupes de la marine sont également en état d'alerte au port d'Alexandrie, a souligné la même source. Les services de renseignement occidentaux ont déjà mentionné, dans leurs rapports, l'existence de nombreux camps d'entraînement dans les régions frontalières avec l'Egypte. Ces camps sont de véritables pourvoyeurs de "jihadistes" pour Daech en Irak et en Syrie, ont précisé ces rapports. Et ils font partie, entre autres, des cibles inscrites par l'aviation égyptienne, qui a pour principal objectif la ville portuaire de Derna, située à environ 300 kilomètres de la frontière avec l'Egypte. Une des milices islamistes, qui contrôle cette ville depuis la chute de l'ancien régime de Tripoli, a décrété Derna capitale du nouveau califat en Afrique du Nord, depuis fin 2014. Cette annonce a officialisé l'implantation de l'Etat islamique en Libye, bouleversant complètement la donne dans ce pays voisin. Pis encore, depuis quelques jours, les terroristes de l'EI ont menacé de mort les habitants de la ville qui refuseraient d'intégrer leur mouvement, a rapporté l'hebdomadaire américain Newsweek, citant une source libyenne, sous le couvert de l'anonymat. Il est toutefois difficile d'établir un lien direct entre la présumée intervention aérienne égyptienne, contre les positions de l'EI à Derna, et les menaces de mort adressées par ces terroristes aux habitants de cette cité. L'Egypte a déjà été accusée d'avoir mené des opérations similaires contre les positions de Fajr Libya qui contrôle la capitale Tripoli. Mais Le Caire a toujours nié ce qu'il a qualifié d'allégations. Les Emirats arabes unis ont, eux aussi, été accusés d'avoir participé à ces raids au lendemain de la chute de Tripoli entre les mains de la coalition de milices dirigée par Fajr Libya, fin août. Les informations rapportées par Newsweek et International Business Times renforcent l'hypothèse d'une nouvelle intervention militaire étrangère en Libye. Certains analystes, comme Barah Mikhail, sont convaincus que le danger Daech est surestimé. Pourtant, des frappes militaires pourraient éventuellement être menées par certains pays, sous mandat de l'ONU qui, pour le moment, rejette cette option. L.M.