"Le bac sportif aura lieu l'année prochaine au mois de mars" est la trouvaille de la tutelle, certainement pour ne pas faire coïncider cet examen avec les grandes chaleurs. Une décision qui ne règle en aucun cas les carences de cette "matière" et la crédibilité de cet examen. Sur le terrain, outre le manque d'infrastructures qui sanctionne de nombreux lycéens durant leur année scolaire, le bac sportif auquel sont soumis les élèves reste entièrement à définir. Outre le fait que de nombreux élèves se plaignent durant cet examen du manque de moyens et d'espace afin d'accomplir les épreuves exigées lors de cet examen, ce bac sportif n'est nullement valorisé par les responsables du secteur. Pour cette session 2015, il y a eu, sur le plan technique, la mise en place dans chaque direction d'éducation d'un centre de regroupement ou sont acheminés les "résultats" des élèves. Des "replâtrages" qui, selon les acteurs de l'EPS, ne changent rien au problème de fond, posé à maintes reprises. "Si c'est la canicule qui freine cet examen, pourquoi ne pas le faire au mois de janvier ?", ironise un moniteur de sport. En effet, les enseignants d'EPS se trouvent dans la quasi-totalité du temps livrés à eux-mêmes face à leurs élèves et sans le moindre observateur ni responsable à leur chevet, comme il est d'usage durant les autres examens. Dévalorisé dans le fond et dans la forme, cet examen perd de plus en plus de son "sérieux" et se retrouve la plupart du temps bâclé avec, à la clé, des notes "gonflées" qui ne reflètent nullement le niveau sportif des élèves de terminale. Dès lors que cette compétition est faussée, nombre d'enseignants tirent la sonnette d'alarme sur cet état de fait. Pour Zahir, enseignant de sport, "durant leur cursus scolaire, notamment dans des zones rurales, les élèves ne trouvent même pas de terrain ou de salles où s'exercer, comment voulez-vous leur imposer au bac sportif des épreuves qu'ils n'ont même pas travaillées durant les trois années de lycée. Il faut impérativement redéfinir cet examen". De son côté, Abdellah, un autre professeur d'EPS, affirmera en guise de suggestion : "Devant ces nombreuses carences, il vaut mieux revenir à l'ancien système de fiche de synthèse. L'élève sera évalué selon le travail fourni à l'intérieur de son établissement durant toute l'année scolaire. C'est plus juste et raisonnable." Cela dit, plus de 70% des établissements ne disposent pas de structures adaptées à la pratique sportive, même si la note d'éducation physique est considérée comme "une aide indirecte" aux candidats au bac. À vrai dire, la pratique sportive en milieu scolaire est certes obligatoire, mais le manque de moyens et le désintéressement affiché par les responsables, à tous les niveaux, fait que beaucoup préfèrent recourir à une décision médicale. La majorité utilise des cours d'école bitumées (pas toutes) pour les deux heures par semaine d'éducation physique. Pour de nombreux acteurs exerçant dans ce domaine, le bac sportif, à l'instar de celui du BEM, est un examen bâclé. Il est impératif de redéfinir la politique sportive à mener en milieu scolaire. A. H.