Photo : S. Zoheir Par Abdelghani Aïchoun Sur un total de 6 532 303 élèves, appartenant aux différents paliers, du primaire jusqu'au secondaire, seul 259 168 sont licenciés, à savoir un taux de 3,96%. Bien évidemment, le nombre de filles licenciées est de loin inférieur à celui des garçons (77 125 filles contre 182 043 garçons). Des chiffres qui en disent long sur l'état de la pratique sportive dans l'école algérienne où pourtant l'éducation physique et sportive (EPS) est obligatoire. Ce constat reflète également la situation catastrophique du sport dans le pays. A de rares exceptions, les participations algériennes aux différentes compétitions internationales se soldent par de cinglants échecs. Chose encore plus grave quand il s'agit des compétitions internationales scolaires ou universitaires, vivier de l'élite dans certaines nations pourtant. Quoi que le sujet soit important, il n'en demeure pas moins que les études et analyses concernant la situation du sport scolaire en Algérie se font rares. L'une des dernières études en la matière est sans conteste le rapport fait en 2005 par le Conseil national économique et social (Cnes), lors de sa 26ème session plénière, ayant pour thème «La pratique sportive scolaire et universitaire : l'urgence d'une relance». Les chiffres communiqués dans ce document d'une centaine de pages sont effarants. Il est aujourd'hui important de les reprendre dans la mesure où les choses n'ont pas trop évolué même si les autorités ont, depuis, fourni énormément d'efforts notamment en mobilisant de forts moyens financiers. Néanmoins, l'absence d'une stratégie cohérente, conjuguée à l'énorme retard que connaît le secteur, a fait que le sport d'une manière générale et le sport scolaire en particulier immergent toujours dans un profond sommeil.Ainsi, il est énoncé dans ce rapport qu'«au niveau du primaire, l'enseignement de l'EPS (éducation physique et sportive) reste insuffisant compte tenu du manque de formation spécialisée des 169 530 instituteurs des premiers et deuxièmes cycles chargés d'enseigner la matière. Ainsi, les 4 612 570 élèves, soit 58,4% de l'effectif global du système éducatif, sont sans encadrement réel en matière d'EPS». «Au niveau du 3ème cycle, le taux d'encadrement national est de 1 enseignant d'EPS pour 435 élèves. Pour un emploi du temps de 22 heures par semaine et à raison de deux heures par semaine et par classe, l'enseignant de l'EPS encadre 11 classes de 40 élèves chacune. Ceci conduit à se questionner sur la qualité de l'encadrement de cette discipline, d'autant plus qu'on relève un grand déséquilibre dans l'encadrement de l'EPS par wilaya : 23 wilayas ont un taux d'encadrement inférieur au taux national, lui-même dérisoire. Et au niveau du secondaire, l'encadrement de l'EPS – 01 enseignant pour 413 élèves – est assuré par 2 650 professeurs d'EPS dont seulement 228 femmes ; cette faible proportion des femmes explique en partie la désaffection des filles et de leur famille envers l'EPS», ajoute-t-on dans ce rapport. En matière d'infrastructures, les chiffres sont encore plus inquiétants. «Sur les 10 907 écoles primaires recensées en 2002, il est relevé une absence totale d'infrastructures sportives», indique-t-on. Combien d'écoles primaires dotées d'infrastructures sportives ont été construites depuis ? Très peu. Dans le même ordre, sur les 2 300 établissements recensés du moyen, 71% sont dépourvus d'infrastructures sportives, alors que sur les 860 établissements du secondaire, 63% sont dépourvus d'infrastructures sportives. Par ailleurs, dans ce rapport, il est mentionné que «le recensement, effectué auprès des établissements universitaires, des infrastructures et des équipements existants a donné les ratios suivants : un terrain de football pour 20 000 étudiants, un terrain de handball pour 17 900 étudiants, un terrain de volley-ball pour 12 700 étudiants, un terrain de basket-ball pour 16 000 étudiants et enfin une salle de sport pour 32 000 étudiants». Ces énormes déficits en moyens humains et infrastructurels s'ajoutent à un problème de mentalité. D'un côté, la «dispense» médicale s'est de plus en plus généralisée – les élèves, et leurs parents dans certains cas, ne donnent pas d'importance à l'éducation physique et sportive – de l'autre ne permettent pas à leurs filles – et là c'est la dispense médicale qui est également utilisée – de pratiquer le sport pour des raisons liées à la mixité et à l'habillement sportif. Tout ceci pour dire que le malaise est profond. L'Etat doit impérativement mettre les moyens nécessaires pour la promotion du sport scolaire. Sensibiliser les élèves et leurs parents à la nécessité de pratiquer le sport à l'école est à cet effet primordial. Dans ce rapport, il est signalé que «la réhabilitation de l'enseignement de l'éducation physique et sportive en tant que matière intégrée et obligatoire des programmes et des examens d'éducation (compositions périodiques, examens de passage, brevets sportifs, BEF et bac) nécessite un volume horaire hebdomadaire de l'EPS suffisant et bien réparti dans la semaine, à l'instar de nombreux pays développés. De même, pour une valorisation de l'EPS, il est nécessaire de relever le coefficient de cette discipline». «Dans cette optique, l'enseignement de l'EPS doit être dispensé et assuré, dans tous les paliers du système éducatif/formation /enseignement supérieur, par un personnel qualifié et en nombre, répondant aux besoins et aux objectifs tracés. La relance de la formation des enseignants d'EPS pour pourvoir à la demande actuelle et future des établissements scolaires et universitaires implique l'ouverture de centres de formation adaptés à chaque niveau et profil et un renforcement conséquent de ceux existants», ajoute-t-on.