Jamais un piquet de grève n'a été forcé de la manière que celle observée à l'Inataa de Constantine. Des agents de sécurité ont attaqué les étudiants grévistes avec des chiens. Pendant que la question de la violation de la franchise de l'institut est soulevée, l'administration sévit durement contre une quarantaine d'étudiants. Nouveau rebondissement dans l'affaire de l'Institut de nutrition, de l'alimentation et des technologies agroalimentaires (Inataa) de Constantine. Hier, 43 étudiants de l'institut ont été destinataires d'une décision de sanction à titre conservatoire, à savoir l'exclusion pour deux ans, prise par le conseil de discipline à la suite des événements qui ont ébranlé, la semaine écoulée, l'établissement en question. Le motif de l'exclusion est, nous indique-t-on, "la grève illégale selon l'appréciation de l'administration", déclenchée il y a quatre mois par quelque 800 étudiants. Aussi, les concernés, 39 garçons et 4 filles, ont déposé des recours auprès du rectorat de l'Université 1 de Constantine, avons-nous appris de sources au fait du dossier. "Aucun d'entre nous n'a assisté au conseil de discipline et nous n'avons reçu que deux convocations, ce qui rend leur décision caduque", nous dira l'un des étudiants concernés par l'exclusion. Selon notre interlocuteur, le règlement interne de l'université impose à l'administration d'envoyer aux concernés au moins trois convocations pour passer en conseil de discipline, en cas de refus de ces derniers, les membres du conseil ont le droit de prononcer, par contumace, les sanctions selon les dépassements commis. "Nous avons été surpris par cette décision, alors que seulement deux convocations nous ont été remises", nous a déclaré un étudiant en 5e année d'ingéniorat en nutrition alimentation et technologie agro-alimentaire. Tout en ajoutant que les 43 étudiants — estimant que leurs revendications sont légitimes et leur grève légale — ont refusé de répondre aux deux convocations. Ces derniers, pour rappel, sont en grève depuis le mois de janvier dernier. Ils exigent que leur diplôme soit reconnu par la Fonction publique. La semaine dernière, leur mouvement, "pacifique" jusque-là, a été ébranlé par l'intervention "musclée" d'agents appartenant à une société de sécurité privée, lesquels avaient même utilisé des chiens pour disperser les grévistes. Une trentaine d'étudiants ont été blessés. Il aura fallu l'intervention de la Gendarmerie nationale pour rétablir l'ordre. La gravité des affrontements a nécessité une commission d'enquête qui a été mise en place par le wali de Constantine. La Gendarmerie nationale a, également, déclenché une enquête. Celle-ci est toujours en cours. Par ailleurs, des députés ont promptement réagi face à la gravité des événements qui ont eu pour théâtre l'enceinte de l'institut. Un député du FJD aurait même déposé sur le bureau de l'APN une question orale au ministre de l'Enseignement supérieur. H. C.