Même si le modus operandi de l'attaque de mardi rappelle beaucoup celui d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, il n'en demeure pas moins que l'attentat pourrait être, cette fois-ci, l'œuvre d'une survivance de Djound el-Khalifa, une branche armée ayant prêté allégeance à Daech. Au lendemain de l'attaque meurtrière qui a ciblé, avant-hier, quatre Patriotes, les Batnéens sont toujours sous le choc. L'attentat a d'autant marqué les esprits, que toute la région des Aurès a été secouée. À Hassi Timhirt, village d'origine des Patriotes, l'atmosphère est lourde et l'émotion palpable. L'enterrement, qui a eu lieu après la prière d'El-Assr, a été marqué par la consternation, mais aussi par la colère des populations venues très nombreuses pour accompagner les quatre victimes à leur dernière demeure. En effet, vers 14h, sous un soleil de plomb, la foule commençait déjà à affluer. Amis, proches et anonymes convergeaient tous vers le même lieu. L'inquiétude se lisait sur tous les visages. "C'est l'horreur ! On pensait en avoir fini avec ces criminels, mais ils reviennent encore plus acharnés", s'indigne l'un des voisins et proches de l'un des Patriotes tués mardi. Un autre s'interrogeait, par ailleurs, sur le groupe terroriste qui était derrière ce lâche attentat. En effet, le modus operandi de l'attaque de mardi rappelle beaucoup celui d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, même si l'attentat n'a pas encore été revendiqué. Cette tuerie pourrait aussi être l'œuvre d'une survivance de Djound el-Khalifa, une branche armée ayant fait allégeance à Daech. Cette brigade salafiste armée ayant prêté allégeance à l'EI (Etat islamique) était dirigée par un certain Gouri Abdelmalek, alias Khaled Abou Souleimane, qui avait revendiqué, en septembre dernier, l'enlèvement et l'exécution de l'alpiniste français, Hervé Gourdel, dans la région de Tizi Ouzou. Entre-temps, Abdelmalek Gouri et ses acolytes avaient été éliminés. Pour rappel, les quatre Patriotes dépendant d'un détachement exerçant à Merouana, localité située à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest du chef-lieu de wilaya, ont été abattus vers 5h du matin, au lieudit Chal Amellel, à mi-chemin entre Merouana et Nafla. Cette route, selon des sources au fait du dossier, est au centre d'un litige, qui dure depuis plusieurs mois, entre le wali de Batna et le ministre de l'Agriculture. Le premier voudrait qu'elle soit ouverte à la circulationn et ce, dans le cadre de la promotion des sites touristiques de la région, le second, quant à lui, refuse d'accéder à cette requête pour des raisons sécuritaires, nous indique-t-on. Et visiblement, les événements de mardi dernier ont fini par donner raison à ce dernier. Aussi, au moment où nous mettons sous presse, l'opération de ratissage déclenchée après l'attentat, sous le commandement de la Ve Région militaire, est toujours en cours. L. N.