Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et le Haut-Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) étaient les grands absents à la signature de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Le gouvernement malien, les mouvements de la Plateforme (Pro-Bamako) et une "composante" de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) ont signé, hier, l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, lors d'une grandiose cérémonie, organisée à Bamako. Présents jeudi à Alger, pour parapher le préaccord de paix du 1er mars, les membres influents de la CMA, c'est-à-dire le MNLA, le HCUA et le MAA, n'ont pas fait le déplacement à Bamako, comme ils l'avaient annoncé la veille. Jusqu'à la dernière minute, beaucoup avaient espéré voir ces trois mouvements dans la capitale malienne. Mais ce ne fut pas le cas. Et la signature de l'accord de paix à Bamako les met ainsi dans une position inconfortable, face à une communauté internationale qui pourrait recourir au régime des sanctions individuelles, comme elle l'avait affirmé, en avril dernier. L'absence du MNLA et de ses alliés du HCUA et du MAA va compliquer en fait la mise en œuvre du texte de cet accord, dans le nord du Mali où les violences armées sont toujours en cours, malgré les appels incessants au respect du cessez-le-feu du 24 mai 2014. "J'appelle nos chers frères du MNLA, du HCUA et du MAA à signer l'accord de paix", a appelé Mohamed Osmane Ag Ouahamadou, qui s'est présenté en tant que président de la délégation de la CMA, signataire de l'Accord de paix au Centre international des congrès de Bamako (CICB). "Je peux vous assurer qu'ils rejoindront nos frères à ce processus qui a apporté une valeur ajoutée à tous les accords conclus précédemment", a-t-il lancé à l'adresse du président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta et des membres de la médiation internationale. Alors que le MNLA et ses alliés étaient les grands absents à la cérémonie d'hier, la participation de Fahag Ag al-Mahmoud constitue une surprise pour ceux qui ont suivi ce dossier complexe. Fahad Ag al-Mahmoud, fondateur en août 2014 du Groupe d'auto-défense des Touareg de l'Imeghad et alliés (Gatia) a fait partie des trois signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, pour le compte de la plateforme. Alors que ses partisans sont engagés, depuis des semaines, dans une guerre meurtrière contre la CMA, dans le nord du pays, Fahad Ag al-Mahmoud a atteint son objectif d'intégrer ce processus de discussions et d'obtenir ce pourquoi il avait créé Gatia. En effet, Ag al-Mahmoud avait affirmé en août que pour défendre les intérêts de sa communauté, il faut se doter d'un mouvement armé pour contrebalancer les rapports de force, aussi bien sur le terrain militaire que politique. C'est désormais chose faite pour ce chef militaire et politique qui a délogé le MNLA, il y a deux semaines, de la ville clé de Ménaka, à 200 km à l'est de Gao. Mais le grand défi sera la mise en œuvre de l'Accord de paix, car en l'état actuel des choses, la situation sur le terrain ne le permet pas. Cela n'entame en rien l'optimisme du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, également chef de file de la médiation internationale. "Nous avons bon espoir que cet accord nous amènera vers cet objectif que le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a asséné à la communauté internationale", a-t-il dit en réitérant sa confiance en lui "pour engager le Mali sur la voie de la paix". "Nous nous engageons (...) à réaliser les objectifs énumérés dans le document de l'accord", a-t-il solennellement ajouté, appelant les populations du Nord-Mali à s'impliquer activement dans la réalisation d'une paix durable au Mali. L. M.