Une délégation de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) est à Alger, depuis hier, pour "décider du chemin qui reste à parcourir", selon les propos tenus par le chef de la médiation internationale, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. À Kidal, les partisans de la CMA ont investi la rue en signe de rejet de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali. La CMA campe toujours sur son refus de parapher "l'accord de paix et de réconciliation au Mali", signé à Alger le 1er mars dernier par les autorités maliennes et les mouvements de la plateforme. Dans son communiqué, en date du 14 avril, la CMA a affirmé que son déplacement à Alger avait pour objectif d'"exposer, de vive voix, aux acteurs de la médiation internationale, les raisons qui ne lui permettent pas de parapher le document proposé à sa signature le 1er mars, ainsi que les réserves pertinentes remises à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal". Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Mouvement arabe pour l'Azawad (MAA) et le Haut-Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), tous membres de la CMA, justifient leur refus de signer le document en question par la non-prise en charge de leurs principales revendications, dont surtout la définition d'un statut politique et juridique particulier de l'Azawad. Une appellation rejetée par les autorités de Bamako qui voient en ce mot une porte ouverte vers la dislocation du Mali, en tant que territoire et nation unie. Quelques heures avant sa venue, la CMA a rendu public un communiqué, dans lequel elle a clairement réaffirmé son refus de parapher l'accord d'Alger, comme l'a laissé entendre, jeudi, le Premier ministre malien Modibo Keïta. Modibo Keïta avait indiqué que la CMA a donné son accord pour parapher l'Accord de paix pour le 15 avril (hier). Cette information a été vite démentie par les mouvements de l'Azawad qui ont dénoncé une tentative de manipulation de l'opinion publique malienne et internationale, de la part de Bamako. Il est nécessaire de souligner que les membres de la CMA ont tenu une réunion de travail à Nouakchott, à la veille de leur retour à Alger, sous la conduite du secrétaire général du MAA, Sid Brahim Ould Sidatt, à la place de Bilal Ag Acharif, dont on ignore les raisons de son absence. Cette rencontre des représentants du MNLA, du MAA et du HCUA a eu lieu moins d'une semaine seulement après la rencontre entre le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz et le ministre malien de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed. L'envoyé spécial du président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a explicitement sollicité la médiation du président mauritanien, "en appui à l'Algérie", pour convaincre la CMA de signer un accord de paix controversé et rejeté aussi bien par les partisans de cette coordination que par une partie de la classe politique malienne à Bamako. Le président de la Mauritanie devait évoquer la crise du Nord Mali, avec le président Ibrahim Boubacar Keïta à Bamako, en marge de la 17e conférence du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel. L'implication directe du président mauritanien va-t-elle contribuer à convaincre la CMA de parapher l'accord d'Alger ? Si l'espoir est toujours permis, la réalité du terrain indique une toute autre vérité. Et ce ne sont pas les menaces de sanctions de la communauté internationale qui feront changer d'avis les membres de la CMA. L .M.