En ordonnant des changements "sans délai" à la tête des institutions financières et des entreprises publiques économiques, le président de la République donne à sa décision un caractère d'urgence impérieuse. Des changements en série à la tête des entreprises et des banques publiques ont été annoncés hier. Il s'agit de Sonatrach, à la tête de laquelle est nommé Amine Mazouzi, fils de l'ancien ministre du Travail (1968-1977) et ministre des Moudjahidine (1977-1978) Mohamed-Saïd Mazouzi ; Air Algérie, à la tête de laquelle est nommé le désormais ex-DG des Douanes algériennes Mohamed-Abdou Bouderbala en remplacement de Mohamed-Salah Boultif et Naftal, à la tête de laquelle est nommé Hocine Rizou, désormais ex-P-DG de l'Entreprise de réalisation des infrastructures énergétiques (Inerga) en remplacement de Saïd Akretche. Kaddour Bentahar, directeur de la législation, de la réglementation et des échanges commerciaux aux Douanes algériennes est promu DG. Quant à l'Inerga, c'est Smaïn Akrib qui devrait prendre la relève. Pour les banques publiques, outre la nomination de Ramdane Aboud, P-DG par intérim du CPA, à la tête de la BNA, et de Omar Boudiab, P-DG par intérim de la BNA, à la tête du CPA, les départs annoncés concernent le P-DG de la BDL, Mohamed-Arslan Bachtarzi, relevé par le DG de la Société nationale de leasing (SNL), Karim Mohammed, et du P-DG de la Cnep, Djamel Bessa, relevé par Rachid Metref, DG d'El-Djazaïr Idjar, l'autre établissement public de leasing. Les raisons de ces permutations et limogeages restent floues, tant sur la forme que sur le fond. Ils ont été en tout cas opérés suivant un procédé singulier. C'est la première fois que la présidence de République annonce dans un communiqué que les changements dans le management des entreprises publiques sont ordonnés par le Président. C'est aussi la première fois que les nominations de responsables d'entreprises publiques sont délibérées en Conseil des ministres. Des nominations qui interviennent dans des secteurs dont les ministres viennent d'être changés et qui pourraient être perçus comme les prémices d'une réorientation économique. Or, avant que le président Abdelaziz Bouteflika n'ordonne ces changements devant être mis en œuvre "sans délai" selon les termes du communiqué, les managers concernés étaient déjà fixés sur leur sort et des fuites ont donné les noms des partants et des heureux promus. Et à moins que la communication du Président, diminué par la maladie, ait été prise de court, ce sont des décisions prises plutôt ailleurs avant qu'elles ne lui soient attribuées. "Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a ordonné dimanche (hier, ndlr) des changements à la tête de certaines institutions financières publiques et entreprises économiques publiques", a indiqué le communiqué de la Présidence relayé par l'APS, ne citant aucun nom. D'ordinaire, ces nominations se prononcent par décret sur proposition des ministres de tutelle des entreprises concernées. Ce qui fait que le choix des noms proposés à l'arbitrage du Premier ministre ou du président de la République se fait par les ministres. Sauf que les ministres devant opérer ces changements, en l'occurrence Salah Khebri, ministre de l'Energie, Boudjema Talaï, ministre des Transports, et celui des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, fraîchement nommés à la tête de leurs départements à la faveur du tout dernier remaniement ministériel datant d'à peine dix jours, n'auraient même pas eu le temps de saisir les dossiers qu'on leur a confiés pour pouvoir opérer des changements à la tête de compagnies stratégiques comme Sonatrach, Naftal, Air Algérie ou les banques. Ce changement dans le management des entreprises publiques serait ainsi décidé en même temps et dans les mêmes formes que le remaniement ministériel. Dans l'opacité... L. H.