Le prénom masculin Djaâfar fait partie de l'onomastique traditionnelle algérienne. Il vient de l'arabe jaafar "ruisseau". Le mot jaafaria signifie, par métaphore, devin. Djaâfar ben Abî Talib, frère de Ali dont il était l'aîné de 10 ans, cousin du Prophète (QSSSL). Comme son père était très pauvre et ne pouvait subvenir aux besoins de sa famille, c'est son oncle, El-Abbas, pour soulager la misère de son père, qui le prit en charge et son frère Ali fut pris par Mohammed (QSSSL). Il se convertit très tôt à l'islam et fut parmi les émigrants que le Prophète (QSSSL) envoya en Abyssinie pour fuir la persécution des Mecquois. Sa femme, Asma' bint ɛUmays, l'avait suivi. On sait que les Qoreychites avaient envoyé des émissaires, Rabia ibn El-Mughira et Amr ben El-As, pour demander au Négus, le souverain chrétien d'Ethiopie, de lui remettre les transfuges. Le Négus les fit comparaitre. C'est alors que Djaâfar récita des versets du Coran sur Jésus et sur sa mère Marie pour montrer que la religion prêchée par le Prophète (QSSSL) complétait celle de Jésus. Le Négus ému refusa de livrer les musulmans et leur garantit la sécurité dans son royaume. Quand il revient d'Abyssinie, Djaâfar rencontra le Prophète (QSSSL), juste après la conquête de Khaybar. Mohammed s'était écrié : "Je ne sais pas si c'est le retour de Djaâfar ou ma conquête qui me rend le plus heureux !" En 629, quand le Prophète (QSSSL) envoya une expédition au-delà de la frontière byzantine, il désigna comme chef de troupe Zayd ben Hâritha, et au cas où il serait tué, Djaâfar, et s'il est tué, Abdallah ben Rawaha. Ils moururent tous les trois à la bataille de Mu'ta en septembre 629. Djaâfar avait fait preuve d'une grande bravoure : il avait coupé les jarrets de son cheval pour ne pas être tenté par la fuite. Il eut les mains coupées, il serra l'étendard contre sa poitrine, avec ses mains ensanglantées. Il avait quarante ans. Les trois martyrs de Mu'ta furent enterrés dans le même tombeau. Selon les biographes, Djaâfar était, des parents du Prophète (QSSSL), celui qui lui ressemblait le plus. Il était non seulement brave mais aussi charitable. On le surnommait Abû al-Masâkîn, le Père des Malheureux. Après sa mort, on lui adjoignit un autre surnom : Dhû-l-djanâhayn, Celui aux deux ailes, ou Djaâfar al-Tayr, Djaâfar l'Oiseau, car on dit que le Prophète (QSSSL) l'avait vu voler avec des ailes saignantes, avec un groupe d'anges. M. A. Haddadou [email protected]