M. Maghlaoui a exclu cette option avant le parachèvement de la restructuration d'Air Algérie. S'agissant des prix pratiqués par la compagnie nationale, le ministre a justifié le niveau des tarifs actuels tout en déplorant la qualité des prestations. Le ciel algérien sera dominé, et sans doute pour longtemps encore, par la compagnie nationale Air Algérie. C'est du moins ce qu'a suggéré le ministre des transports, Mohamed Maghlaoui lors de son passage, hier, au forum de la télévision. Du coup, les investisseurs nationaux et étrangers, qui ont misé, sur la fin, la possibilité de prendre des parts dans le transport aérien devront attendre que “l'ordre soit remis” dans ce domaine, pour reprendre les mots du ministre. Maghlaoui a, en effet, catégoriquement exclut la (re) libéralisation de l'espace aérien à l'exploitation des privés nationaux. Et sans fixer d'échéance. L'épisode du crash de Khalifa Airways a tellement ébranlé les décideurs économiques qu'ils ont décidé de cadenasser le ciel algérien au nez des investisseurs privés fussent-ils performants. “Il n' y a pas lieu d'ouvrir le marché ; on doit d'abord mettre de l'ordre dans ce secteur !” tranche, sec, le premier responsable des transports qui ne voulait visiblement pas trop s'attarder sur ce dossier. Pourtant, pas moins de trois dossiers pour le lancement de nouvelles compagnies aériennes privées sommeillent, d'après des sources sûres, dans les tiroirs du ministère des transports depuis longtemps. Maghlaoui n'a évidemment pas jugé utile de s'expliquer sur cette question, préférant trancher le débat en réinstallant publiquement Air Algérie à la position de monopole. Un monopole de fait puisque les textes en la matière, s'ils introduisent un contrôle rigoureux des nouveaux dossiers, n'en consacrent pas moins l'ouverture de l'espace aérien à l'initiative privée. Or, le discours du ministre marque clairement le pas en ce sens que, sous couvert de l'affaire Khalifa, les pouvoirs publics ferment, d'autorité, le ciel aux investisseurs privés soupçonnés abusivement d'incompétence pour faire la part belle à Air Algérie. Maghlaoui se trahit d'ailleurs en déclarant que le marché ne sera rouvert qu'une fois que la compagnie nationale aura terminé sa restructuration. En clair, il n'est pas question de jeter Air Algérie dans la concurrence d'un éventuel promoteur privé avant que celle-ci n'ait achevé sa mue. L'argument est sans doute nouveau dans le langage officiel, dans la mesure où la compagnie nationale avait, tout de même, résisté à l'aigle de Khalifa presque trois années durant avant même qu'elle n'engage sa restructuration. C'est que le crash de Khalifa a été doublement bénéfique pour Air Algérie qui, d'un côté, a repris le monopole sans reprendre l'envol et de l'autre, voit s'éloigner le spectre de l'ouverture du marché à la faveur du blocage des dossiers des nouvelles compagnies au niveau de la direction de l'aviation civile. Et avantages collatéraux, le pavillon national a désormais toute latitude de majorer, à répétition, ses tarifs sans craindre quoi que ce soit. Le ministre ne trouve d'ailleurs rien à redire sur les prix pratiqués par cette compagnie en insistant sur le fait que cette compagnie a un objectif commercial avant celui de service public. À ceux qui espèrent une réduction des coûts des billets à Air Algérie, le ministre des transports répond que les lignes régulières “sont trop coûteuses”. Il dément que la compagnie nationale pratique les prix les plus élevés en faisant remarquer que seuls les vols irréguliers sont moins chers ailleurs. Et en parlant des charters, le ministre a invité les privés nationaux et étrangers à investir dans ce créneau pour satisfaire la demande. Sauf qu'il sera vite interpellé par un représentant d'une compagnie charter turque, qui s'est plaint de n'avoir reçu aucune réponse alors que son dossier moisit au ministère. H. M.