Des brigades de gendarmerie mises en place à partir de mars 2005 auront pour rôle la sensibilisation des jeunes, mais aussi la prévention et la protection face au crime. La salle de conférences de la Bibliothèque nationale d'El-Hamma a abrité hier une rencontre-débat avec la presse, organisée par le groupement de la Gendarmerie nationale en collaboration avec la Fondation nationale des droits de l'enfant et de l'adolescent (FADEA) sur le thème “Jeunesse et délinquance, qui est responsable ?” Le président de la FADEA devait expliquer de prime abord qu'à travers cette rencontre, “on tire la sonnette d'alarme afin de sensibiliser tous les acteurs, à savoir la société civile et les pouvoirs publics sur l'urgence à prendre en charge ce volet”. Pour sa part, le Dr Ali Moulay, dans le style Babaci, a tenu en haleine l'assistance en annonçant une série de chiffres se rapportant à divers délits commis de 1994 à 2004. Une décennie qui a connu une croissance vertigineuse en matière d'agressions, toutes natures confondues. Selon les statistiques 51 916 délits ont été commis durant l'année 2003, dont 3 804 par des jeunes de moins de 18 ans. “La délinquance n'est ni une tare ni une fatalité, c'est une maladie de la société”, martèle-t-il. Rejeter les responsabilités sur les institutions de l'Etat, c'est une manière de se voiler la face, fera savoir le Dr Moulay qui suggère quelques solutions comme la création d'une institution nationale de l'éthique, des lieux de réinsertion. Comme approche économique du phénomène, il s'appuiera sur des paramètres pour démontrer que la facture payée par la délinquance sous toutes ses formes coûte des sommes colossales à l'Etat (vies humaines, blessures psychiques, hospitalisation, frais de justice et perte de citoyens). Suite à cette intervention, une projection vidéo réalisée par la cellule communication du commandement de la Gendarmerie nationale a retenu l'attention des présents par la qualité des témoignages vivants et empoignants. “Le Titanic”, l'arrière-port, la gare et d'autres noms évoquent pour les délinquants beaucoup de choses. La caméra s'est rapprochée d'eux pour dire en live ce qu'ils ressentent. Un quotidien dur, fait de vols à la tire de portables, de drogue, de diluants et de “Patex”. Peu importe la raison que chacun d'eux peut évoquer à visage caché, l'essentiel à retenir dans leurs narrations tristes comme leur sort est que le regret est avoué. La réinsertion est un souhait. Presque une lamentation. “J'ai volé, j'ai pris de la drogue et j'ai commis des petits délits. À présent, j'ai quitté ce monde infernal mais personne ne veut de moi. Que dois-je faire ?” dira ce jeune. Une confession qui mérite une réponse de la part des pouvoirs publics. Dans le débat qui s'ensuivit, on retiendra que l'essentiel n'est pas fait à l'exemple d'une consœur qui s'interroge sur le rôle du ministère de la Solidarité et de la Famille. Mme Garidi, psycho-clinicienne, évoquera la démission des parents. “Le jour de l'audience, les parents des jeunes délinquants brillent par leur absence. De même qu'il n'existe réellement pas de suivi en matière de placements.” Cependant, il faut savoir que l'importante déclaration du représentant de la Gendarmerie nationale est venue à point nommé pour répondre aux questionnements. Sur le terrain, une cellule de ce corps d'élite prendra en charge le problème de la délinquance en formant des brigades de proximité, chargées de sensibiliser les jeunes délinquants. Le rôle de ces gendarmes qui ont une formation sociale est de se rapprocher le plus possible de cette frange de citoyens. Ils feront aussi de la prévention et de la protection. Cette cellule sera opérationnelle à partir de mars 2005. Il y a lieu de rappeler que la Gendarmerie nationale a déjà entamé le travail dans ce sens à travers une campagne de sensibilisation dans les établissements scolaires. “Nous comptons beaucoup sur les familles qui ont un délinquant de se rapprocher de nous. Notre but est de trouver la solution la plus adéquate pour son insertion”, précisera le représentant de la Gendarmerie nationale. En somme, ce corps veut se populariser tout comme le fait la Sûreté nationale. La population n'en demande pas moins. A. F.