C'est la première fois en Algérie qu'une bibliothèque présente une exposition sur les ouvrages détériorés. La bibliothèque nationale d'El Hamma organise actuellement une exposition sur les livres détériorés. L'objectif est de sensibiliser le lecteur pour sauvegarder et protéger le livre. «Chaque bibliothèque a un pourcentage de 2 à 5% d'ouvrages détériorés, touchés. Notre objectif à travers cette exposition, considérée toutefois comme une première en Algérie, est de récolter tous ces ouvrages pour une compagne de sensibilisation», nous a affirmé M.Amine Zaoui, directeur de la bibliothèque nationale d'El-Hamma lors de cette rencontre. Certes, c'est une bonne initiative de prendre ce genre de résolution pour sauvegarder et protéger le livre, mais est-ce que cette démarche est suffisante si l'on considère que la principale raison par laquelle les ouvrages se trouvent dans cet état de détérioration est de fait inhérente essentiellement à l'absence d'une culture du livre? Avant d'incriminer nos enfants d'avoir commis ce délit, l'école n'a-elle pas sa part de responsabilité de n'avoir pas inculqué et de n'avoir pas enseigné aux élèves l'amour du livre, comment le préserver et le protéger? Lors de notre visite à la bibliothèque, nous avons pu constater l'exposition de couvertures de livres sans leur contenu comme le montre cette liste à tout le moins édifiante: «Library and information science», «Grand Larousse annuel», «Dictionnaires des thèmes et formules mathématiques» pour ne citer que ceux-là. Alors que de l'autre côté du stand il y avait une autre liste qui donne à voir des «des titres d'ouvrages détériorés». Les ouvrages exposés sur les étals contiennent tous des pages arrachées, nous citerons à titre d'exemple «Encyclopedia Universalis», «Les voitures de 70 à 90» «De l'extinction de l'espèce»...et la liste est longue. Les raisons qui ont mené nos ouvrages à cet état de détérioration sont diverses. Force est de constater néanmoins que l'école n'est pas l'unique responsable. Aussi la sensibilisation à ce problème récurrent est-elle nécessaire pour préserver ces gardiens du savoir que sont les livres. Par ailleurs il est proposé, pour sensibiliser les lecteurs à ce problème, l'organisation de conférences et de rencontres-débats avec des spécialistes et professeurs. Cependant, cela risque de demeurer inopérant face à l'absence d'une culture adéquate et notamment celle de l'amour du livre. Pour apporter une nouvelle réflexion sur l'état des livres détériorés, la bibliothèque nationale d'El Hamma abritera le 7 et le 8 décembre un colloque sur le thème «La bibliothèque dans la cité» en collaboration avec le Centre culturel Pompidou. L'objectif de cette rencontre sera d'alerter les décideurs sur le statut et la place de la bibliothèque dans la cité.