Les quotidiens Le Monde, Libération, Le Parisien, Le Figaro, entre autres, ont accordé de larges espaces à la virée algéroise du président français, mettant clairement en évidence le soutien de ce dernier au pouvoir algérien. La presse française s'est montrée, hier, très prolixe sur la visite du président français François Hollande à Alger, évoquant particulièrement la question de la lutte pour la succession au pouvoir en Algérie et une situation générale du pays au bord de l'effondrement. Le quotidien Libération est le journal qui s'est montré le plus critique vis-à-vis de cette virée algéroise du président français. Outre sa une, le journal a tenté de décortiquer la visite présidentielle de François Hollande en réservant au sujet tout un dossier s'étalant sur quatre pages et l'éditorial signé de son directeur de la rédaction, Laurent Joffrin. Le quotidien de gauche, qui y va fort avec un titre très évocateur de la bouillonnante situation politique, économique et sociale en Algérie (La grenade algérienne), relève, d'emblée, que "François Hollande se rend (...) à Alger où il rencontrera un président Bouteflika affaibli au moment où l'économie du pays, fondée sur le pétrole, chancelle." "En atterrissant à Alger, François Hollande se posera sur un volcan qui risque d'entrer bientôt en activité", prédit, à ce sujet, Laurent Joffrin. Libé, qui brosse un tableau particulièrement sombre de la situation en Algérie, cite un spécialiste de l'Algérie, pour qui "Paris est en première ligne et sera touché par l'effet du souffle" d'une possible déflagration économicosociale. Le quotidien de droite Le Figaro s'est longuement étalé sur "l'intimité des liens" tissés ces dernières années entre Alger et Paris, mais ne manque, cependant, pas d'évoquer, lui aussi, un possible lien entre la visite du président français et la course à la succession au pouvoir en Algérie. "Alors que la bataille pour la succession a commencé en coulisses à Alger, de nombreux spécialistes estiment que l'intimité des liens créés entre les deux pays pour lutter contre le terrorisme conforte un régime usé et autoritaire, par ailleurs privé, depuis la baisse des prix du pétrole, d'une manne financière qui lui permettait jusque-là d'acheter la paix sociale", écrit, en effet, le journal. Pour ce dernier, le deuxième voyage algérien de François Hollande, "revêt, malgré sa brièveté, une importance hautement symbolique". Pour étayer son analyse quant à ce probable lien entre la visite et la situation politique algérienne, Le Figaro donne la parole à une spécialiste du Maghreb à l'Institut français des relations internationales (Ifri), Mansouria Mokhefi en l'occurrence, qui affirme que la visite du président français "vise à rassurer les Algériens, à leur montrer que malgré la détérioration du climat social, les relations ne vont pas changer". Le quotidien bifurque ensuite sur le rôle géopolitique de l'Algérie, estimant que "le concours du grand pays stable de la région est néanmoins d'autant plus indispensable que le chaos s'est aussi installé en Libye". Le Figaro relève, par ailleurs, "des ombres et des blocages" subsistant dans le lien franco-algérien et note que "l'embellie de la relation économique ne s'est pas traduite par des achats d'équipements militaires français, les Algériens préférant se fournir en Russie". Le Parisien, lui, ne voit dans le déplacement de Hollande à Alger qu'"une simple visite d'amitié", puisque, d'après le quotidien, "contrairement à sa première visite officielle, François Hollande ne sera accompagné que d'un seul ministre, Laurent Fabius". "Pas de grosse délégation donc, ni de chefs d'entreprise", note le journal. Evoquant la question du pouvoir en Algérie, Le Parisien estime, en outre, que "les rares apparitions furtives à la télévision, sans discours, toujours assis et sans mouvement" du président Bouteflika, "posent la question sur sa capacité à gouverner". À l'image du Parisien, le prestigieux quotidien Le Monde juge la visite d'hier de François Hollande à Alger "plus modeste", tout en insistant sur les forts liens politiques, économiques et sécuritaires tissés entre les deux capitales. Le journal établit, cependant, le même constat peu reluisant de la situation de l'Algérie où François Hollande "est arrivé dans un pays profondément inquiet". "L'état de santé du président Bouteflika, très affaibli depuis un accident cardio-vasculaire en 2013, les incertitudes sur les scénarios de sa succession, les luttes en coulisses entre les différents clans au pouvoir, la baisse des prix du baril dont le pays tire l'essentiel de ses ressources nourrissent un climat politique et social tendu", écrit Le Monde qui cite, dans la même édition, plusieurs personnalités de l'opposition qui reprochent à la France "de se montrer trop proche du régime actuel". H. S