L'organisation de l'Etat islamique (EI/Daech) avait déjà affirmé être derrière l'attaque du musée du Bardo, à Tunis, qui a fait 21 victimes, dont des touristes étrangers, en mars. L'attaque terroriste, qui a coûté la vie lundi à trois gendarmes tunisiens et fait une dizaine de blessés, à Sidi Bouzid, serait l'œuvre de l'Etat islamique qui l'a revendiquée, dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux. "Dans une opération d'infiltration (...), deux de nos valeureux héros de Jund al-Khilafa, en Tunisie, ont attaqué deux postes militaires dans la ville de Sidi Bouzid", dans l'Ouest tunisien, a revendiqué le groupe qu'on pourrait qualifier aujourd'hui de la branche locale de l'Etat islamique en Tunisie, dont un des deux auteurs de l'attentat de lundi a été abattu, après une course-poursuite avec les services de sécurité. Son complice a été grièvement blessé, selon les autorités tunisiennes. Le ministère tunisien de l'Intérieur avait attribué cette attaque à la branche locale d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), la katibat Okba-Ibn-Nafaâ, qui n'a pas réagi pour démentir ou confirmer ces accusations. C'est la deuxième fois qu'une attaque terroriste est revendiquée par l'Etat islamique, réaffirmant ainsi son intention de s'implanter durablement sur le territoire tunisien. La première action de Daech a pris pour cible le musée du Bardo, à Tunis, en mars dernier. L'attentat a provoqué la mort de 21 touristes étrangers et d'un policier tunisien, en faction, alors qu'au même moment, les députés débattaient de la loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. La présence de Daech en Tunisie, longtemps redoutée par les autorités tunisiennes, va bouleverser complètement la donne sécuritaire aussi bien dans ce pays que l'espace maghrébin. Si en Algérie, le groupe terroriste, se réclamant de Jund al-Khilafa, a été quasiment décimé, en Tunisie, la lutte armée contre Daech s'avère ardue, en raison du manque d'expérience des services de sécurité tunisiens, mais surtout de la fragilité d'un Etat, à peine sorti d'une transition politique très difficile. Aussi, l'instabilité de la Libye voisine, également infectée par la présence de l'Etat islamique sur son sol, ne fera que compliquer la situation. Car, la Tunisie devrait consacrer des moyens humains et matériels accrus pour sécuriser ses frontières sud-est avec la Libye. Gagner ce pari nécessite la mobilisation de ressources financières conséquentes. Tunis pourra déjà compter sur l'aide de l'Algérie, en matière d'expertise et de renseignement militaire. Les autorités tunisiennes ont eu l'appui et les promesses de soutien de la part des puissances occidentales. Mais à quel prix ? Une réunion des ministres de la Défense des pays de la Méditerranée, du groupe des 5+5, a eu lieu début juin à Tunis pour discuter des réponses à apporter à la menace terroriste, devenue un enjeu sécuritaire global. De cette réunion, il apparaissait que la stabilité durable de la Tunisie dépendait, en partie, du règlement de la crise politique et sécuritaire en Libye. L. M.